mardi 23 octobre 2012

Diane Lemieux à «  Salut Bonjour  »  : ou ne pas savoir ce dont on parle

Scrap de chantier ou propos de Diane Lemieux?

En entrevue à l'émission Salut Bonjour, transmise le 22 octobre 2012 sur le réseau TVA nous avons eu le loisir d'entendre la présidente-directrice générale de la Commission de la construction du Québec (CCQ) venir nous entretenir, encore une fois, de ce que, d'une part, elle ne connaît pas et d'autre part, ce dont elle est directement responsable à titre d'ex-ministre du Travail, puisqu'elle a agit, ou plutôt «  non agit  » à l'époque.

Je ferai rapidement un survol des inepties, de sottises et autres billevesées qu'entretient madame Lemieux, sans parler des ragots et rumeurs qu'elle nourrit à l'endroit d'une industrie qu'elle semble haïr au quotidien.

Première ineptie  :

« Avez-vous déjà vu un jeune noir sur un chantier de construction? » Diane Lemieux 

Wow! Faut le dire... bin oui madame, il y a des noirs sur les chantiers de construction, à ce point que dès les années 80 le syndicat des chaudronniers avait un comité de noirs jamaïcain. Aujourd'hui, plusieurs noirs entrent dans la construction, mais cela ne veut pas dire que l'on ne doit pas en faire plus. Cependant, le genre de propos tenu par madame Lemieux ne peut que les décourager de joindre l'industrie. À propos du jeune noir inexistant sur les chantiers, je me permets de souligner que la FTQ-Construction embauchait en 2008 un jeune noir à titre de représentant syndical  : Emmanuel Lacoste. J'ai la fierté d'avoir parrainé et mis en nomination monsieur Lacoste lors de l'édition 2009 du Gala Soba, gala mettant en valeur la «  culture noire  » au Québec. Le Gala Soba décernait à monsieur Lacoste un prix d’excellence en raison de son implication et reconnaissait son engagement social dans l'industrie de la construction. Plus spécifiquement, le gala soulignait qu'il devenait le premier représentant syndical noir de l'industrie de la construction. En 2009, le récipiendaire signait le livre d'Or de la ville de Montréal. Emmanuel agit à titre de représentant en santé et de sécurité du travail sur les chantiers de construction de grande importance.

Pour une personne qui devait devenir chef de cabinet du maire de Montréal à la fin de 2009 et qui a occupé le poste de ministre de la Culture... on ne fait pas mieux... Non? Ignorance ou mépris, allez savoir.


Autre ineptie  : au sujet l'accès aux femmes dans l'industrie de la construction, Diane Lemieux parle d'un «programme».

Il n'y a pas de programme véritable pour l'intégration des femmes dans l'industrie et il n'y en aura pas tant que les travailleurs et les travailleuses ne bénéficieront pas d'un régime de sécurité d'emploi. Diane Lemieux, qui a été ministre du Travail, ne peut pas, ne pas savoir que seul un véritable régime de sécurité d'emploi mettra un terme à l'arbitraire qui sévit sur les chantiers de construction. Cet arbitraire n'existe pas uniquement pour les femmes, mais pour tout employé qui dit «  non  » lorsque vient le temps de faire respecter les règles de santé et de sécurité du travail, faire déclarer la totalités de ses heures travaillées, faire payer ses heures supplémentaires, ses frais de transport ou autre. On se ment en croyant que de simples mesures législatives, règlementaires ou administratives viendront à bout de la discrimination.

Quant a éveiller l'hostilité entre les hommes et des femmes, eu égard aux qualités personnelles permettant d'effectuer le travail sur les chantiers, bravo belle réussite! S'il fallait qu'un homme tienne les mêmes propos, imaginez un peu l'effet. Madame Lemieux, catégorise les femmes ou les hommes d'après le propos des employeurs... est-ce possible? Sur le fond, le débat a eu lieu depuis un certain temps et tenter de catégoriser un groupe par rapport à l'autre voila la pire formule pour permettre un réel accès à l'emploi aux femmes. Avec une telle théorie, on retourne aux tests d'aptitudes propre à un sexe ou à l'autre et l'on recrée les ghettos d'emploi. Faudra-t-il bientôt refaire, à la PDG de la CCQ, ce qui fut fait au premier ministre Harper et lui faire parvenir un livre chaque semaine afin de l'éduquer et la mettre à niveau? Devrait-on commencer avec cette description célèbre du garçon de café visant à caractériser ce qu'est la mauvaise foi  : c'est le rôle, Madame, uniquement le rôle. On revient plus de 70 ans en arrière... «  in-croy-a-ble  ».


«Nous avons besoin de 15 000 nouveaux travailleurs chaque année.» Diane Lemieux

Faux... archi faux... La réalité c'est que l'on consomme la main-d'oeuvre. S'il est vrai que les femmes quittent l'industrie en raison de harcèlement, il faudrait voir aussi ce qui se passe dans les autres milieux de travail. Dans les faits, le problème dans l'industrie de la construction ce n'est pas la capacité de celle-ci de recevoir les nouveaux arrivants, mais bien de conserver ceux qui y sont déjà. Ainsi, sur les milliers de travailleurs et de travailleuses qui entreront dans l'industrie de la construction en 2012, dans 5 ans 47% de ceux-ci auront quitté.

Et pourquoi quittent-ils l’industrie, Madame Lemieux? Principalement en raison du régime de relation du travail déficient qui ne leur offre pas de sécurité d'emploi et les lacunes en matière de santé et de sécurité du travail.

Pourtant, Diane Lemieux aurait eu tout de loisir d'agir au moment ou elle était ministre du Travail. Pourtant...

Durant la période où elle était ministre du Travail, à la culture ou plus généralement au cabinet, le régime de santé et de sécurité du travail a été modifié à 14 reprises... et jamais afin de mettre un terme aux décès et aux lésions à survenir en raison du travail. Dans la construction on compte entre 40 et 50 décès par années au Québec et entre 200 et 250 dans l'ensemble des secteurs d'activité économique. Si l'on faisait comme les policiers ou les pompiers et l'on tenait des funérailles civiques pour chaque mort à survenir en raison du travail, faites le calcul  : Il y aurait des funérailles civiques chaque jour ouvrable.

Résumé  : pour garder la main-d'oeuvre vivante en santé et sur les chantiers... femmes ou hommes inclus... il faut un vrai régime de santé et de sécurité du travail et un régime de sécurité d'emploi.


Il faut mettre un terme «les choses se règlent à coup de 2X4» Diane Lemieux

Encore une fois on se vautre dans le folklore et la niaiserie. Avec 160 000 travailleurs et 30 000 employeurs, si les problèmes se réglaient à coup de 2X4 sur les chantiers, les urgences, les CLSC et le reste du réseau de la santé ne pourraient fournir. Il faut être grossier, démagogue pour tenir de tel radotage à propos d'une industrie qui fait vivre la Commission de la construction du Québec. D'ailleurs, permettez-moi de rappeler à l'ex-ministre du Travail et actuelle PDG d'un organisme péri-public que c'est le gouvernement du Québec, qui comme employeurs, remporte la palme pour les réclamations à la CSST en raison de harcèlement... et ça, c’est le «  Monde  » de madame Lemieux, pas celui de la construction. L'industrie de la construction ne comte que pour 8/10 de 1% de réclamation. Et ça se permet de faire la leçon au vrai monde... pitoyable!

Et pour finir...

Je laisse les autres commentaires faits par madame Lemieux quant à «  l'industrie fermée  » qui dans annuellement ingurgite 10% de nouvelle main-d'oeuvre. Est-ce le titre qui permet de dire n'importe quoi ou le silence complice? Pour ma part, j'encourage plutôt tout intéressé à mieux s'informer sur le climat de travail qui prévaut au sein de la CCQ ou madame Lemieux agit à titre de PDG. Faut-il rappeler que sous sa gouvernance son personnel s'est mis en grève, la CCQ a décrété un lock-out, diminuer de façon significative le fonds de retraite de ses employées et employées fait l'objet de plaintes pour négociation de mauvaise foi, fait l'objet de décisions de la Commission des relations du travail à l'effet que la CCQ avait utilisé des briseurs de grève.

Mais la meilleure, c'est le jour où elle encourageait publiquement les employeurs à passer outre à la Loi et la réglementation en embauchant des personnes non détentrices d'un certificat de compétence. Et elle nous parle de «vautour»... quel bel exemple!