dimanche 29 avril 2012

La violence façon Normand Lester

Que faut-il penser des commentaires de Normand Lester, parus le 23 février sur « La chronique de Normand Lester » et portant le titre « CLASSE, mafia, FTQ-Construction : l'efficacité de la violence »? Il y a de quoi se demander si Lester a suivi les événements des dernières années ou s'il dégèle avec le printemps. J'avais pourtant pris au sérieux ce journaliste dans le passé et lu attentivement ces volumes « Le livre noir du Canada ». Mais si ses recherches historiques reposent sur les mêmes critères d'analyse que ceux parus dans l'article précité, alors... poubelles, car côté « autopsie» (ici, un mot qui fait violent) et vérité... on est loin du compte.

La CLASSE : un phénomène sociologique

Depuis des années on reproche aux jeunes de ne pas « agir » d’être « prostré ». Aujourd’hui qu’ils bougent, comme des jeunes, on leur en fait reproche… Il y a une façon de bouger à la Lester. On bouge tranquillement et on espère qu’il se passera quelque chose : la pensée magique en pleine action. Avec de tels propos, on ne se questionne plus sur ce qui meuble le quotidien de ceux qui n’ont rien à dire. De plus, ce ne sont pas seulement les jeunes qui participent à ce débat, malgré ce qu’en pense Lester, il s’agit d’un phénomène qui préoccupe l’ensemble de la société. Les déclarations de groupes engagés sur le sujet en font foi.

L’autre point « fort » de Lester, c’est d’affirmer que la CLASSE ne reçoit pas d'appuies venant du monde entier. Pas à dire, très au fait des questions internationales, monsieur Normand Lester. Mais voilà que cette affirmation se révèle aussi fausse que les autres. À ce titre, Ricardo Pétrella qui s’est prononcé clairement et sans ambiguïté sur la gratuité scolaire universitaire. Doit-il pour autant être considéré comme « un violent? Eh oui! “Le Monde”, “Al Jazira”, le “China Post” et le “Paris Match” en parlent, les articles affluent sur le WEB, les médias de nos voisins du sud se sont saisis de l’événement. Il est évident que si l’on suit l’orientation des États-Unis et du reste du Canada conservateur, l’État n’aurait intervenir ni dans la santé, ni dans l’éducation. Mais voilà, on est au Québec et il y a longtemps que nous construisions nos régimes. Lester est-il trop jeune pour connaître le Rapport Parent? Ne sait-il pas que dans l’orientation du régime pédagogique, dans son entièreté, on devait en arriver à la gratuité scolaire jusqu’au niveau universitaire? Ne sait-il pas que le Québec, en matière de santé et d’éducation, n’a pas choisi la voie américaine?

Libéraux vs FTQ-Construction et la CLASSE: un vrai combat.

Dans le même registre, Lester affirme que la FTQ-Construction et les Libéraux s'entendent “comme larrons en foire”. Wow! Faut le faire. Je ne sais pas si Lester est reclus depuis l'élection d'avril 2003 ayant mené au pouvoir les libéraux, mais jamais la FTQ-construction n'a eu de liaison avec ceux-ci, bien au contraire. C'est un autre syndicat de la construction qui a une liaison avec les libéraux, mais Lester ne le sait pas. Comment se fait-il qu'il ne le sache pas? Son scénario dépasse la fiction. Lester a-t-il si peu de mémoire qu'il oublie les manifestations de décembre 2003 aux ports de Montréal, Québec, Trois-Rivières, des fermetures de routes et d’autres actions menées, notamment par la FTQ-Construction, contre ce gouvernement libéral qui voulait faire du Québec un “made in USA” avec nos régimes sociaux. Lester ne se souvient-il pas de l'opposition au ministre du Travail, Laurent Lessard? A-t-il oublié le différend entre la FTQ-construction et un autre ministre du Travail, Sam Hamad en décembre 2008? Que penser de “l'aimable” relation qu'entretient actuellement la FTQ-construction avec la ministre du Travail Lise Thériault? Comment peut-on écrire de telles inepties? Il vit en vase clos le Normand? Que cherche Lester en écrivant de telles c... choses? En s’attaquant à ceux qui s'opposent au gouvernement Charest, ne fait-il pas le jeu de ce dernier? Quoi, Normand Lester en serait-il rendu a attirer l’attention ailleurs que sur le gouvernement Charest au moment ou l’on parle de possibles élections? Dans quel but le ferait-il? Pas de quoi faire de l’humour.

Qui sont les victimes?

D'autre part, Lester devrait nous entretenir des actes de violences commises par la FTQ-construction. Lesquelles? Les deux représentants poursuivis en justice n’ont-ils pas été acquittés? S'il n'est pas au courant, le principal “acte de violence reproché” à l'accusé était d'“avoir fait de gros yeux”. Méchant acte de violence, non? Posons la question directement : Lester remet-il en question l'impartialité de la magistrature? Doit-on comprendre à la lecture de son texte que les juges sont aussi à la solde des libéraux? Ce sont les juges qu'il faut critiquer alors, pas la FTQ-Construction. D’autre part, oubli-t-il que ce sont les entreprises en construction, les bureaux d'ingénieurs-conseils, les ministres et députées, les maires,les officines gouvernementales, les services du revenu, voir même les policiers qui sont poursuivis ou mis sur la sellette, en raison de la corruption qui sévirait dans l’industrie, et non la FTQ-Construction. Se souvient-il que c'est au moment où l'on demandait une enquête sur la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui avait perdu 40 milliards de $, que l'on s'est mis à parler de la FTQ-construction. On oublie que la Caisse (était-elle proche des libéraux?) a “encaissé” un double coup qui a fait chuter le fonds de retraite des travailleurs de la construction de 3 milliards de dollars. Que ce montant n'a toujours pas été complètement récupéré et que c'est l'industrie qui en assume la récupération et non la Caisse de dépôt? Peut-on parler ici de violence? Et là, les libéraux viennent de subtiliser 190 000 000$ de dollars au milieu de la construction en transférant le fonds de formation professionnelle à la Commission de la construction du Québec. Un petit cadeau de la ministre du Travail, Lise Thériaul, à une ex-ministre du Travail péquiste, madame Diane Lemieux. Et c'est la FTQ-Construction qui fait du copinage avec le gouvernement? Et Lester prétend que la FTQ-construction est “copain copain” avec la ministre, celle-là même qui a encouragé les travailleurs et les travailleuses à quitter la FTQ-Construction. Vraiment, sur le plan de l'analyse Lester est très fort, trop fort.

Je suis prêt à parler violence, mais de toutes les violences!

En terminant, si on désire ouvrir un débat sur la violence, je suis preneur. Nous parlerons de ce que doivent subir les travailleurs membres de la FTQ Construction et des autres travailleurs qui œuvrent sur les chantiers. Nous parlerons des 50 morts à survenir sur les chantiers chaque année. Nous parlerons des dizaines de milliers de blessées qui arpentent les centres hospitaliers, cliniques, CLSC, etc. en raison du travail. Nous parlerons de l'industrie de la construction comme “fabrique d'handicapées” en raison des lésions professionnelles. Nous parlerons du quotidien de ces travailleurs : insécurité physique, insécurité d'emploi et insécurité financière. Nous parlerons de santé et d'hygiène ou il s'avère impossible, sur la majorité des chantiers, encore aujourd'hui, de bénéficier d'installations sanitaires salubres : pas de toilettes ni de lavabos. Et nous pourrons parler de bien autre chose. Bien assis à “blogger” au chaud, il est facile de parler de violence, mais à 30 degrés sous zéro l'hiver et à plus 40 l'été, a construire le Québec, c’est autre chose. La violence possède de multiples formes et l’on voit celle que l’on veut bien voir et qui fait vendre bien sûr. Vous désirez parler violence? Mais déjà vous parlez violence, vous êtes violence. Pour leur part, les travailleurs de la construction et leurs représentants sont des pacifiques, des débonnaires, des doux en regard de la situation qui se perpétuent sur les chantiers en raison des conditions “normales dans lesquelles s’exécute le travail”. Bien sûr, lorsque l'on compte 70 000 membres, il peut y avoir ici ou là des dérapages. Mais, on ne dira pas que l'ensemble du monde journalistique est pourri parce des membres de cette corporation sont mêlés a des événements particuliers, il doit en être de même pour l'industrie de la construction. On fera la part des choses, nous.


FTQ-Construction et CLASSE

Quant à lier la FTQ-Construction et la CLASSE, n’est certes pas pour me déplaire. Durant 14 ans j’ai enseigné à l’Université de Montréal et je dois avouer que ce milieu est loin d’être désagréable. Le milieu étudiant m'a toujours paru dynamique, plein de vitalité et savoir de plus qu’au moment ou je serais à la retraite le monde appartiendra et sera gouverné par des personnes qui ont le courage d’affronter le pouvoir politique sans perdre la tête, sans faire de “deal”, prêt a défendre un projet collectif: alors “Bravo”.

Lester et le travail facile

En définitive, la violence n'est pas neutre et elle se détermine. Je ne crois pas que l'industrie de la construction ou la FTQ-construction représente un attrait quelconque pour des personnes violentes. Mais le mépris, l'indifférence, la stupidité et les préjugés eux : oui. En écrivant, ce qu'il écrit, avant même de s'informer, à moins que ces sources ne soient, elles-mêmes violentes, Lester par son attitude la détermine. Il faut avouer que ces jours-ci, parler de mafia, CLASSE, warriors, Mohawks et FTQ-Construction dans un même texte... il n'y a pas mieux pour sortir sur un système de recherche avec un minimum d'effort. Et si de plus on est proche du pouvoir... non... oui? Avec de tels propos, aller savoir.

vendredi 27 avril 2012

Permis de tuer, ce n'est pas uniquement le titre d'un film

En ce 28 avril, jour de deuil soulignant les lésions et les décès à survenir en raison du travail, je vous offre une réflexion sur la violence permise ou non permise dans notre société.

Pendant que les ministres du gouvernement libéral nous assomment de leurs ridicules assertions sur la violence, on se permet comme société, de tuer, bon an mal an, entre 200 et 250 personnes en raison du travail et en blesser des dizaines et dizaines de milliers d’autres, toujours en occultant toute réflexion sur les formes de violences reconnues comme acceptables dans notre société. Le ministre de la Justice, Jean Marc Fournier, et celui de la Sécurité publique, Robert Dutil, se souviendront peut-être que, outre les normes juridiques relatives aux manifestations illégales, aux « attroupements séditieux » des étudiants et des étudiantes qui monopolisent nos forces constabulaires, le droit pénal, dont le Code criminel, contiennent des dispositions permettant de mettre fin aux crimes reliés au travail. Il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau, on parle ici d'une situation qui perdure depuis des dizaines d'années. Les représentants du peuple, justice et sécurité publique compris, affectés au dossier de «la violence» le savent-ils? Si la réponse est non, il s'agit d'incompétence, si la réponse est oui, c'est l’aveu que certains crimes peuvent s'exécuter librement dans la tolérance et d'autre non. Pourtant, on n’a de cesse, ces jours-ci, de nous répéter ad nauseam que nous vivons dans une société de droit et que céder à la violence engendre la violence. Doit-on comprendre que si il s'est tué 204 personnes cette année au travail, il est permis d'augmenter légalement le nombre de décès à survenir? Bien sûr, tous les décès à survenir en raison du travail ne sont pas dus à une intention criminelle. Dans de nombreux cas, un accident est un accident... mais nous pouvons démontrer qu'un certain nombre de ceux-ci relève véritablement d'une pensée voulant que le profit passe avant la personne humaine.

L'article 217.1 du Code criminel prévoit que :

Il incombe à quiconque dirige l'accomplissement d'un travail ou l'exécution d'une tâche ou est habilité à le faire de prendre les mesures voulues pour éviter qu'il n'en résulte de blessure corporelle pour autrui.

Combien de poursuites ont été entamées par le procureur général en raison de l'article 217.1 depuis l’entrée en vigueur de cet article? Je vous invite à faire la recherche... le résultat en vaut l'effort fourni. On se retrouve devant un quasi-néant. Mieux encore, si, en raison de votre travail journalistique vous devez couvrir une manifestation étudiante, juste avant que l'officier responsable lise l'ordre de dispersion de la manifestation illégale, ou entre deux jets de poivre de cayenne, questionnez le policier de manière suivante : « L'article 217.1 du Code criminel, ça vous dis quelque chose? » Juste avant que les lumières s’éteignent, il vous répondra assurément qu'il ne sait pas.

Des ministres qui ne veulent pas intervenir, des policiers qui n'ont pas reçu la formation nécessaire, une CSST comme maillon faible de la chaîne, une ministre du Travail qui ne connaît rien à la question. Que nous faut-il de plus pour nous convaincre que le meurtre est permis?

Lors de l'émission Désautels, sur les ondes de la radio de Radio-Canada du jeudi 26 avril 2012, Robert Dutil, ministre de la Sécurité publique, traitant des manifestations étudiantes, a répété le terme «violence» 18 fois en 5 min 45 s d'entrevue, soit une fois toutes les 19,38 secondes. S’il est évident que Dutil passe un message idéologique, dans le but de courtiser une tranche de la population, au détriment de la paix sociale, il est tout aussi évident que la violence à survenir dans les milieux du travail l'indiffère. Sauver des vies sans déclencher d’émeutes n'aura aucun effet sur l'intention de vote des électeurs, alors pourquoi agir?

mercredi 25 avril 2012

Corruption: quand les intérêts politiques passent avant les solutions

En novembre 2009, alors que j'étais à la direction de la FTQ-Construction, je me présentais en commission parlementaire, afin de faire connaître l'opinion de la Fédération sur le projet de Loi 73 portant le titre provocateur de: Loi prévoyant certaines mesures afin de lutter contre la criminalité dans l'industrie de la construction. Il faut prendre connaissance du contenu de ce projet de loi pour voir qu'il ne contient aucune disposition pouvant lutter contre la criminalité dans la construction. Cependant, à l'époque, les médias concentraient leur attention sur la Commission d'enquête, et sur ce que le gouvernement leur livrait en pâture, plutôt que sur l'essentiel: le régime de corruption qui permet le vol des salaires, l'insécurité et le régime d'instabilité qui caractérise l'industrie de la construction et génère la corruption.


Mais, ce n'est pas uniquement les Libéraux qui doivent être pointés du doigt, pour le retard qu'a pris Québec dans ses interventions visant à "nettoyer" la construction. Déjà en novembre 2009, l'Assemblée nationale du Québec était en possession de nombreux documents qui auraient permis d'agir immédiatement afin de couper court aux pratiques frauduleuses. J'avais alors déposé, à la Commission permanente de l'économie et du travail, des documents obtenus librement de la part de la Commission de la construction du Québec (CCQ). Ces documents mettaient à jour les mécanismes propres à ces pratiques et permettaient de comprendre les moyens mis en place par les entreprises délinquantes pour détourner le régime. Étrangement, depuis les auditions de la Commission, la CCQ a toujours refusé de nous fournir les pièces qui nous permettaient jusqu'alors d'identifier les délinquants et d'agir. Brave Commission.. et madame Lemieux qui se permet de faire la leçon... On peut se questionner sur ses réels intérêts a paralyser l'action syndical, action ayant, par exemple, fait croître la déclaration annuelle des heures passant de 600 heures de travail déclarées à plus de 1 000 pour certains métiers plus sensibles aux mauvaises pratiques. Cela ne semble pas être au goût de madame Lemieux. Pourquoi? Aller savoir?

Le Parti Québécois complice?


Voilà maintenant que Stéphane Bédard, du PQ, nous fait part de sa brillante analyse quant au retard que connaissent les diverses enquêtes policières et administratives sur la corruption dans la construction. Mais où était-il en novembre 2009 ce bon député? Si plutôt que de crier au loup, le PQ et son chantre d'alors, François Rebello, avaient fait leur travail, en me questionnant sur ce système d'exploitation... nous serions beaucoup plus avancés.

François Rebello n'a rien fait


Autre question, comment se fait-il que certains journalistes ont cru, sans doute de bonne foi, que les documents que la FTQ-Construction déposait en Commission parlementaire l'étaient en catimini? Qui a fourni aux membres des médias de mauvaises informations sur le processus parlementaire? Pourquoi, parmi ces derniers, ceux qui avaient l'expérience des commissions, n'ont-ils pas réagi? Pourquoi François Rebello, en après-midi, me félicitait-il de "ma performance" devant la Commission parlementaire et me demandait copie des documents déposés le matin, alors qu'il pouvait en obtenir copie au secrétariat des commissions? Pourquoi par la suite n'a-t-il rien fait? Pourquoi personne, du monde politique, n'a voulu nous rencontrer après la commission parlementaire, y compris les membres de l'opposition, afin de faire la lumière sur ces pratiques? Rétrospectivement, il est difficile de croire que l'on voulait connaître la vérité. On préférait et de loin, marquer l'opinion publique de manière a faire des gains politiques, mais à quel prix. En raison de sa maladresse, le PQ et tout le milieu politique sont aujourd'hui considérés corrompus au même titre que les libéraux. Dans les faits, l'opportunisme, dont ils ont fait montre, se retourne maintenant contre eux.

Viendra un jour, ou gouverné par la recherche des faits et de l'objectivité historique, il nous faudra mettre de coté les récriminations bassement politiques ou opportunistes entretenues par certains, et nous concentrer sur l'histoire telle qu'elle s'est présentée. Mais, il ne semble pas que nous ayons encore atteint ce stade de maturité.

mardi 24 avril 2012

Vous avez dit démocratie?

La crise de confiance à survenir au Québec à l’endroit de nos institutions politiques repose sur une réalité palpable. Lorsque l’on soulève la légitimité de l’actuel gouvernement à détenir les rênes du pouvoir, on ne se questionne pas sur un énoncé abstrait, mais bien, sur une question de fond objectivable qui intéresse largement l’ensemble de la population. Cependant, de quelle manière doit-on aborder un sujet aussi délicat, surtout au moment où la ministre de l’Éducation, madame Line Beauchamp, nous apprend que la désobéissance civile est un crime au Québec. On comprend mieux pourquoi, avec une telle culture, cette charmante dame se bute à la colère des étudiants. Espérons que s’interroger sur ce type de question ne relève pas de la sédition.

Mais assumons le risque et reprenons là où nous en étions : Comment aborder une question aussi délicate? En premier lieu, pourquoi ne pas faire une démonstration mathématique à l’aide du rapport du Directeur des élections. Dans la mesure où l’on a le respect de cette institution, on pourra au moins amorcer le débat.

Selon le rapport du Directeur des élections, paru le 23 janvier 2009, le résultat du scrutin général de décembre 2008 nous apprend que seulement 57,42% des électeurs admissibles à voter se sont prévalus de leur droit. De ce nombre 42,8% ont voté pour l’actuel gouvernement Libéral. C’est donc dire que c’est moins d’un électeur sur quatre qui a voté pour ce gouvernement. En pourcentage, il s’agit plus précisément de 24,57% des électeurs. On pourra nous objecter que les absents ont toujours tort et que ceux qui ne se sont pas exprimés, le jour du scrutin, n’avaient qu’à se présenter aux urnes. Et si l’on considère, plutôt, que ceux qui n’ont pas voté, on fait ce choix. Et si l’on considère, pour un instant, que dans ce grand cirque politique (il faut dire cirque, l’expression clown n’est pas permise au Québec… la règle d’inclusion ne fait pas partie des connaissances usuelles) les non votants ont affirmé un doute quant à ce modèle que l’on qualifie de « démocratique ». Et l’on considère qu’il est temps de passer à un modèle de représentation qui ressemble au visage du Québec.

La seconde objection, qui peut nous venir en tête, est la suivante : une fois que le gouvernement est en place, les députés et les ministres, sont-ils libres de prendre les décisions pour le bien de la population? Voyons plus avant : à l’ouverture de la session, le lieutenant gouverneur, personnage non élu vestige de notre passé colonial, fait son allocution, suivie du discours d’ouverture, par lequel, le Premier ministre annonce ses « intentions législatives ». Dans la mesure ou le gouvernement possède la majorité en chambre, les débats sont, en pratique, terminés. De plus, la règle sur la solidarité ministérielle limite les vrais débats à leur plus simple expression, puisque les députés doivent suivre la ligne du parti et aliéner leur conscience au profit d’un objectif trop souvent inavouable. Les derniers débats à l’Assemblée Nationale du Québec ont démontré de manière évidente que l’on peut désinformer la population pour en arriver à ses fins. L’exemple donner par Lise Thériault, ministre du Travail en est éloquent à ce sujet. Quant à savoir comment démarrer un incendie, on aura qu’à observer l’activité pyromane de Line Beauchamp, ministre de l’Éducation pour se convaincre que le service des incendies ne fermera pas ses portes sous peu. En 35 ans de représentation politique, combien de fois ne m’est-il pas arriver de rencontrer des ministres, qui proposaient des projets de loi dont ils ne connaissaient pas véritablement le contenu ou encore qui se révélaient incapables d’en discuter convenablement. Il en est de même pour la majorité de la députation qui suivait, comme un troupeau, la « cloche » qui les précède.

Il resterait beaucoup à dire sur l’incapacité de cette pseudo « démocratie délibérative » a rencontrer les exigences minimales afin que nous retrouvions la confiance en nos institutions. Mais qui aura le courage politique de donner le coup de barre devenu urgent et nécessaire.  Il est beaucoup plus simple d’attirer l’attention ailleurs et de créer des crises de toutes pièces, mais à quel prix. L’histoire démontre clairement que les partis politiques qui ont sapé les fondements de leur institution en minant la crédibilité du « politique » n’ont réussi qu’à engendrer la démesure dans le type de gouvernance qu’ils leurs ont succédé. Le gouvernement Libéral incarne dans son sens le plus pernicieux cette catégorie de démagogues.

samedi 21 avril 2012

Lettre de l'Oncle Adolf à madame Line Beauchamp, ministre de l'Éducation

J'ai, par le plus grand des hasards, mis la main sur une correspondance expédiée par un certain "Adolf" à notre ministre de l'Éducation, madame Line Beauchamp". Je vous en livre une copie. Bonne lecture.


Chère madame Beauchamp,

À quelques jours de l’anniversaire de mon suicide, il fera en effet 67 ans cette année que j’aurais mis fin à mes jours, je trouve enfin quelqu’un qui applique ma théorie quant aux solutions a apporter afin de disposer d’un problème politique. Je ne cache pas que votre moyen mis de l’avant pour isoler la CLASSE me rappelle exactement le moyen que j’avais mis de l’avant afin d’isoler les sociaux-démocrates et les vilains communistes du centre et des démocrates chrétiens. Ayant acquis la majorité, j’ai aussi éliminé ces derniers. J’ai d’ailleurs reproduit le même scénario pour isoler les républiques à l’est et, par la suite, les démocraties occidentales sont tombées entre mes mains.

Votre second front, juridique et violence policière me rappelle aussi de très bons souvenirs. De voir vos vaillants uniformes bruns et noirs se « taper de l’étudiant » pendant que le premier Ministre fait de l’humour m’impressionne : Démagogue va. Il est certain qu’en provocant la violence, grâce aux forces policières qui ont désormais l’excuse légitime de faire respecter les injonctions, relève du génie. Ainsi, vous harcelez, frappez, accusez ceux qui ont pourtant toujours respecté le cadre de la légalité jusqu’à ce que la violence éclate dans le but évident de les rendre responsables de tout ce dégât face à l’opinion publique. J’ai appliqué la même façon de faire quand j’ai envahi la Pologne en 1939.

Voilà pourquoi, c’est avec beaucoup d’émotion que je vous fais parvenir une petite médaille que j’avais conservée de cette campagne éclaire. J’ose croire que vous la porterez fièrement. À titre de dernier conseil, si ces étudiants devaient poursuivre dans leur obsession du désordre social, faite comme moi, multipliez les actes de provocations et foutez le feu au Reichstag, excusez-moi, à l’Assemblée nationale et mettez la cause de l’incendie sur le dos des étudiants. Ça marche à tout coup. Si l’opposition est présente lors de l’incendie c’est encore mieux… on sauve du temps.


Demeurez madame la ministre de l’Éducation, ma plus charmante admiratrice.



L’oncle Adolf.


p. j. Votre médaille

Qu’est-ce que la violence : une réponse à Jean Charest et Line Beauchamp

On aura entendu le premier ministre du Québec, monsieur Jean Charest, et la ministre de l'Éducation, madame Line Beauchamp, demandaien, hier et aujourd'hui encore, aux associations étudiantes de se dissocier et de condamner les actes de violence qui « auraient été commis par les étudiants ». Venant de ce gouvernement au prise avec le pire bilan quant à l'évaluation de son « éthique » et de sa « moralité publique» il y a de quoi rire. Nous connaissons ce genre de pratique, qui a cours dans les cas de négociations de mauvaise foi. À titre d'exemple, j'invite le lecteur à suivre Madame Diane Lemieux, actuelle présidente de la Commission de la construction du Québec et ex-ministre du Travail, dans le cadre de l'exposition publique de son « moi profond » et de « ses états d'âmes » dans le cadre du renouvellement de la convention collective de ses employés et de ses relations avec l’industrie. En ce domaine, elle est experte. D'ailleurs suite aux propos démagogiques et aux menaces proférées à l'endroit de Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction, son employée, l'inutile ministre du Travail, déclarait aujourd'hui qu'elle n'interviendrait pas. En conclusion : il y a des formes de violence qui sont permises et d'autres pas. Comme quoi, en politique : « Rien ne se perd, rien ne se crée et rien ne se transforme ». Charest et Beauchamp remettent au goût du jour le « péché originel ». On est coupable de l'acte des autres. Il faut baisser la tête, courber l'échine et se culpabiliser. On ne sait ni pourquoi, ni pour qui, mais il faut le faire... On croyait pourtant s'en être sorti de ce système d'exploitation.

Pour en revenir plus particulièrement à la question de la CLASSE, je prétends plutôt que cette association c'est largement acquittée du lourd mandat que lui impose le gouvernement Charest. En effet, tous ceux qui ont assisté à la manifestation de samedi dernier, à Montréal (14 avril 2012), pourront témoigner que la CLASSE a dénoncé et s'est dissocié de toute forme de violence
s'exprimant dans notre société. La CLASSE à notamment dénoncé :
  • La violence faite aux retraités;
  • La violence faite aux travailleurs et aux travailleuses lors de fermeture d'usine;
  • La violence faite aux femmes;
  • La violence engendrée par des politiques néo-libérales qui appauvrissent de grands pans de notre société;
  • La violence engendrée par le dépérissement de l'État et de nos institutions démocratiques;
  • La violence engendrée par la paupérisation;
  • Et j'en passe;

Je crois, au contraire de monsieur Charest et de Madame Beauchamp, que la CLASSE a vivement dénoncé la violence. Mais, peut-être s'agissait-il d'une violence plus hypocrite, plus larvée, plus démocratique puisqu'il y en a pour tout le monde.

Max Weber disait «  L'État possède le monopole légitime de la violence ». Cette déclaration demeure aussi pertinente aujourd'hui qu'à l'époque.

Conflit d'intérêt 101 au profit de madame Lemieux

Deux commentaires en un seul jour... faut le faire. Mais vraiment madame Lemieux m'inspire... et pour cause. On apprend que la présidente de la CCQ, Diane Lemieux, a soumis à son conseil d'administration une résolution pour approbation. Nous savons que cette résolution portait sur le transfert du Fonds et du Plan de formation professionnelle, d'une valeur globale de 190 millions de dollars, en faveur de la Commission qu'elle préside. La majorité des membres du conseil d'administration ont voté contre la résolution. La FTQ-Construction propose alors une autre résolution qui cette fois est adoptées. Non contente du résultat, elle boude son c.a. et demande une opinion juridique démontrant que ces derniers étaient en conflit d'intérêt au moment du vote.


Question no. 1 - Si les membres du conseil d'administration étaient en conflit d'intérêt en votant "non" à l'endroit de la résolution de madame Lemieux, ne l'étaient-ils pas tout autant en votant "oui"?


Question no. 2 - Le conflit d'intérêt procède-t-il du résultat du vote ou encore du poste que l'on occupe au moment ou je vote? Poser la question, n'est-ce pas y répondre?


Question no. 3 - Si madame Lemieux croyait que les membres du CA étaient en conflit d'intérêt, comment a-t-elle pu leur soumettre pareille résolution?


Question no. 4 - Dans un tel cas, doit-on comprendre que Diane Lemieux a tendue un piège aux membres de son CA?


Question no. 5 - Rappelons que la CCQ devient bénéficiaire d'un fonds de formation professionnelle de 190 000 000$ qu'elle a reçu "en cadeaux" en dépossédant les associations syndicales et patronales. Rappelons de plus, que les résolutions en question portaient notamment sur la terminaison de l'administration de ce fonds (paie de séparation, terminaison des baux, matériel de bureaux etc.). Madame Lemieux est d'accord pour recevoir le 190 000 000 millions mais pas de rencontrer les échéance de la dette qui vient ... avec. Donc, en refusant de faire payer la dette par la CCQ, qu'elle administre, et en tentant de ne pas rencontrer les obligations du fonds de formation, n'est-elle pas elle même en conflit d'intérêt?


Quand on écrira, dans quelques années, cette page d'histoire de l'industrie de la construction, car je n’ai aucun doute qu'elle sera écrite, nous devrons réserver un long chapitre à ceux qui ont occupé le poste de ministre du Travail ou d'ex-ministre du Travail en cette triste période. Ceux qui se permettent de nous faire des leçons sur la gouvernance et l'éthique, ces caricatures de politiciens ou d'administrateurs, ne se servent de ces arguments que pour mieux nous asservir.

Madame Diane Lemieux commet des gestes qu'elle condamne: elle menace.

Voilà que l'on apprend que madame Lemieux sert la même médecine qu'elle critique. La cohérence voudrait qu'elle se dénonce à son service d'inspection. Incapable de conclure une simple convention collective comptant à peine 900 employés, madame Diane Lemieux ne peut être qu'en difficulté au moment ou elle doit se mettre au service d'une industrie comptant 155 000 salariés et 30 000 employeurs. Le problème de madame Diane Lemieux c'est de croire, à tort, qu'elle est en autorité par rapport aux institutions composants l’industrie de la construction. Elle n'a toujours pas compris que ce sont les employeurs et les travailleurs qui versent chaque année des millions de dollars pour faire fonctionner son appareil. Elle n'a pas compris que c'est le conseil d'administration de la Commission de la construction du Québec qui gouverne celle-ci. Pourtant Diane Lemieux n'a t elle pas, dans le passé, occupé le poste ministre du Travail?  Cela explique peut-être pourquoi l'actuelle ministre du Travail, Lise Thériault, ne possède, non plus, aucune culture du monde du travail. Plus encore, l'on pourrait, très bien, par la même occasion, se souvenir de son prédécesseur, monsieur Sam Hamad, qui a du faire « fabriquer » le texte du projet de loi 73 par du personnel de la CCQ. ce qui explique, d'une part sa difficulté de suivre les travaux de la commission parlementaire et d'autre part son incapacité à répondre adéquatement aux questions « pertinentes » des invités. Comme quoi, depuis quelques années, le savoir-faire n'est pas un attribut essentiel dans la recherche de ces ministrables.

Observer c'est parfois comprendre. Depuis des mois, nous demandons à des observateurs et des commentateurs sérieux de sortir de l'actuel « pattern » pour en arriver à voir au-delà des simples apparences. L'industrie, sous l'excuse d'être infiltré par le crime organisé, vit les pires moments de son histoire. Pourtant, depuis des mois, lorsque l'on fait mention de corruption ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent à la surface. Rien de nouveau sous le soleil. D'autant plus, que le dénonciations concernent principalement le monde politique... celui de Thériault et de Lemieux.

Si madame Lemieux démontre autant d'agressivité à l'endroit de la FTQ-Construction, il faudrait minimalement en connaître les raisons. En effet, quel est la cause de son incapacité à communiquer convenablement et son manque de respect à l'égard de l'industrie dont , pourtant. elle se dit au service, ce d ont on nous permettra de douter. Plus encore, si je me souviens bien, au moment où elle était ministre du Travail, madame Lemieux, n'avait-elle pas d’excellentes relations avec la FTQ-Construction? S'agissait-il alors, pour elle, uniquement d'intérêt politique? Madame Lemieux aurait-elle perdu la mémoire? Peut-être faudra-t-il un jour engager la conversation sur cette période.

L'inutile ministre du Travail et la santé et la sécurité du travail

La semaine dernière, Lise Thériault, faisait la présentation du projet de loi 60 visant a modifier la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles et la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Dans ce projet de loi on prévoit qu'il y aura échange d'information entre la Régie du bâtiment et la CSST en ce qui a trait aux infractions commises par les employeurs. Mais dans quel but? Suspension de la licence? Doit-on comprendre que ce sera comme pour le projet de loi 35 qui a démontrer que les entreprises qui agissent frauduleusement n'ont qu'à changer de raison sociale ou de mettre leur corporation a un autre nom pour continuer a faire des affaires.


D'évidence l'inutile ministre du Travail ne fera rien, encore une fois. Certains me diront qu'elle est beaucoup plus compétente lorsqu'elle ne fait rien que lorsqu'elle agit: cela va de soi. Mais en matière de santé et de sécurité du travail, c'est beaucoup plus simple, puisque depuis des années les solutions ont été fournies au législateur: comité de santé et de sécurité partout, représentant à la prévention sur chaque chantier, participations des travailleurs au processus de la santé et de la sécurité du travail. Il faut aussi ajouter la sécurité d'emploi et la sécurité du revenu car en effet, sans ces deux conditions, la SST sera toujours un voeu plutôt qu'une réalité car trop souvent exiger le respect de notre intégrité physique se paie par une "mise à pied"... comme ça.. par hasard...


Nous sommes de plus en plus convaincu que nous ne pouvons compter que sur nos seuls moyens afin de mettre fin aux "accidents" mortels a survenir sur les chantiers du Québec. L'inutile ministre du Travail s’apprêterait a déposer des amendements à la Loi mais spécifiques à l'industrie de la construction. Thériault aura-t-elle le courage de devenir utile ou continuera-t-elle d'être a la solde dont ne sait qui? (Pour l'instant on aura compris que c'est Diane Lemieux qui tente sa chance au (con)cours de popularité et qui dicte ses ordres à Thérialut..., mais laissons le temps faire son œuvre...


Entre temps, préparons nous a nous opposer au projet de loi 60 qui réduit le droit aux indemnités de remplacement du revenu, multiplie les coupures de prestations, judiciarise encore plus le régime, limite par voie règlementaire les prestations a caractères médicales et cetera. Mais je reviendrais plus tard sur la question particulière des coupures que le ministre propose dans un prochain article.

Richard Martineau « Quand pôpa donne ses conseils»

Avez-vous pris connaissance de la superbe sortie de Richard Martineau à CKOI ce matin. C'était de toute beauté. Vraiment le génie, l'intellect, le mental en plein travail, la lumière faite homme. Plus particulièrement, l'homme de toutes les situations décide de sonner la fin de la récréation :unilatéralement, dictatorialement et en contradiction avec ses propres principes: sans prendre de vote. Martineau vote à lui seul pour l'ensemble du Québec. Mais qui est Richard Matineau pour semer ses conseils à la population sur « le faire et le ne pas faire, » et « le croire et le de ne pas croire ». Or, lumière oblige, notre 2 watts nationale persiste et signe en expliquant à nos étudiants, qui défient la Loi, les conséquences qui s'en suivent. Mais quelle loi monsieur Martineau? Existe-t-il un "Code Martineau" qui a cours au Québec et dont les juristes n'ont aucune connaissance. En quoi ne pas se présenter a ses cours est une infraction de quelle que nature que ce soit et, dans un tel cas, en regard de quelque régime juridique existant. Cette « société de droit » que vous invoquez, monsieur Martineau reconnaît le droit à la dissidence. Interrogeons-nous plus avant: le droit de "qui" est ici en péril (et non en puéril, monsieur Martineau)? De quel droit procède votre raisonnement?

Bien sûr, Martineau profite de l'occasion pour s'en prendre « aux gros bras de la FTQ » prétextant que, comme les étudiants, les votes lors des assemblées syndicales, portant sur l'exercice de la grève, se prennent à main levée plutôt qu'à vote secret. Non, mais faut le faire, Martineau qui donne tout au long de son entrevue de fausses opinions juridiques se permet de dire en ce qui a trait au droit en vigueur au Québec à peu près n'importe quoi comme d'habitude.

Rappelons au profit de Martineau que le Code du travail du Québec prévoit expressément à son article 20.2 que le vote de grève doit se tenir à scrutin secret. La Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l'industrie de la construction prévoit les mêmes conditions pour l'exercice du droit de grève.

Se pose alors la question suivante, quand on ne sait pas de quoi l'on parle, que l'on n'a pas la culture nécessaire a se prononcer sur un question, il faut être pour le moins prétentieux pour donner des conseils aussi faux soit-il.

Réflexion pour notre inutile ministre du travail, Madame Lise Thériault.

La ministre du Travail était outré, il y a quelques jours, des déclarations de monsieur Gérard Cyr, gérant d'affaire de la section locale 144. Après que ce dernier se soit excusé des propos exprimés, à l'endroit de la ministre du Travail, au motif qu'il s'était emporté dans le cadre de son assemblée syndicale tenue dans un lieu privé, « on » semble ne pas vouloir prendre ses excuses pour comptant. Souvent, lorsque les gens portent un jugement c'est en regard de leur propre valeur. Si notre inutile ministre du Travail ne prend pas en considération les excuses du chef syndical, serait-ce que parce qu'elle même serait incapable de se voir dans l'obligation de s'excuser en raison de propos déplacés qu'elle pourrait tenir. Que faut-il alors penser des événements survenus à l'Assemblée nationale du Québec en mars 2011. Si l'on s'en tient a son raisonnement, la ministre Thériault ayant insulté les membres de l'Assemblée n'a jamais vraiment voulu s'excuser. En effet, pourquoi accorderions nous foi à ses excuses si, pour sa part, elle n'accorde pas foi aux excuses des autres.

Mais le fonds du sujet est encore plus intéressant. Si certains se sont pâmés, scandalisés, outrés devant les propos de monsieur Gérard Cyr serait-ce tout simplement en raison de l'emploi d'un style simple, direct mais peu littéraire. À titre d'exemple nous pourrions reprendre cette phrase célèbre de Sir George Bernard Shaw, prix Nobel de littérature:

« Les politiciens, c'est comme les couches pour bébé : il faut les changer régulièrement, et ce, pour les mêmes raisons. »

En réalité, la seule différence dans le propos de l'un par rapport à l'autre est, comme j'en faisais mention plus haut, une question de style. Bien sûr, on pourra aussi observer que le vocabulaire est légèrement différent, mais je crois, que pour le reste tout est là : le message porte peu a équivoque.

Pour en finir avec les privilèges

Regardez les défier l'autorité des politiciens. Ces derniers qui se croient en mesure de faire la leçon aux autres alors qu"ils éprouvent de la difficultés à se gouverner eux-mêmes. La ministre qui exige un scrutin secret, dans le cadre des délibérations pour les étudiants, n'a-t-elle pas remarqué qu'à l'Assemblée nationale du Québec elle ne vote jamais en secret. Bien sûr que non, la ligne de parti fixe les paramètre de la démocratie: Le troupeaux suit la cloche. Inutile de préciser qui est la cloche.

Les étudiants eux ont bien compris. Seul les luttes sont gardiennes de nos institutions démocratiques.


"Aide de toi, toi-même: alors tout le monde t'aidera. Principe de l'amour du prochain"
Frédéric Nietzsche

Le « Plan Nord » : pour qui?

Plusieurs voix s'élèvent contre le projet gouvernemental du Plan Nord. Les Innus de Pessamit, des députés provinciaux, des chambres de commerce, des syndicats dont celui des Métallos, des politiciens, d'ex sous-ministres, des économistes et j'en passe. On peut comprendre qu'un projet de cette envergure puisse rencontrer des difficultés dans sa mise en œuvre et générer du mécontentement chez certains, mais dans le cas qui nous occupe, il semble que les réserves entretenues à son endroit soient en train de se généraliser. Que l'on nous informe, en contrepartie, que les chinois ont besoin de métaux, qu'il y a une demande croissante et que les minières étrangères rêvent de notre Plan Nord, voilà qui n'est pas des plus encourageants. Le Québec, dans le passé, a connu son lot de « ceux qui ont besoin de... » et cela ne s'est pas toujours soldé par un accroissement de la richesse collective des québécois, bien au contraire. On ne parle surtout pas de première et de seconde transformation... on parle de vendre le Québec.

Voilà pourquoi, à la FTQ-Construction, sans pour l'instant condamner l'ensemble du projet, il est de mise de s'interroger sur les intérêts que peuvent entretenir, non seulement les travailleurs et les travailleuses de la construction, mais l'ensemble de notre collectivité en regard de ce projet. Plus particulièrement, les conditions de travail s'appliquant sur les chantiers éloignés se sont négociées et ont évolué au rythme du développement des régions. La FTQ-Construction a d'ailleurs toujours soutenu le développement économique régional. Plus particulièrement, la FTQ-Construction défend les politiques d'embauche régionale, la fourniture de bien et de service locaux lors de l'établissement de chantier. Ces conditions continueront-elles de s'appliquer?

D'autre part, nous devons aussi nous interroger spécifiquement sur ce qu'il en est du Plan Nord dans les faits. C'est la pratique qui intéresse la population et non les multiples déclarations théoriques portant sur un Québec à vendre. D'entrée de jeu, nous devons avouer que la FTQ-Construction entretient, à l'endroit du projet du Plan Nord, bon nombre d'inquiétudes qui reposent sur des éléments concrets. Si ces inquiétudes devaient se concrétiser, ce qui semble être le cas, il faudrait alors s'objecter au Plan Nord en se joignant aux voix discordantes qui se font de plus en plus entendre.

En premier lieu, le gouvernement du Québec, par l'adoption du projet de loi 33 modifiant la Loi[1], vient d'exclure du champ d'application de l'industrie de la construction les travaux se rapportant aux chemins forestiers visés par règlements. Si le gouvernement du Québec procède à la mise en place de cette exclusion, ce n'est certes pas dans le but d'améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs et des travailleuses qui effectuent ces travaux. Disparus, pour eux, le fonds de retraite et les bénéfices d'assurances, terminer le remboursement des frais de transport en ces temps ou le prix de l'essence explose, sans parler des baisses de salaire et des autres conditions liées à l'emploi. Sur simple lettre du Conseil du patronat du Québec, et malgré le fait que les tribunaux nous aient donné raison, la ministre du Travail, madame Thériault, celle qui prétend s'inquiéter pour les travailleurs qui pourraient avoir de la difficulté à payer leur hypothèque en raison de possibles arrêts de travail, les met tout simplement au chômage, ou du moins, voit à baisser leur revenu. Ah, madame la Ministre, répétez après moi : «Cohérence... cohérence quand tu nous tiens... ». Vous ne trouvez pas que l'on nage dans la déraison... ou dans la piscine des amis politiques et des lobbys... S’il y a un autre motif expliquant le « geste humaniste » de la ministre du Travail, quant à l'appauvrissement des travailleurs et des travailleuses de la construction en région, qu'on nous l'explique et nous pourrons comprendre. J'entends : « Sauver l'économie régionale »! Non, malheureusement madame la Ministre, il faut refaire vos calculs. Il en est de même, d'ailleurs, pour l'industrie minière et la machinerie de production en général. La différence de coûts engagés, si les travaux relèvent du champ d'application de notre Loi, n'a aucune mesure avec les milliards de profits qui seront engrangés avec le Plan Nord. Vous doutez de mes sources, madame la ministre du Travail... je ne rapporte que ce que prétend « votre » premier ministre, ne tirez pas sur le messager.

Dans la même veine d'idée, si pour aider l'industrie forestière, les travailleurs et les travailleuses de la construction doivent en venir à abandonner leurs conditions de travail, ces derniers ne devraient-ils pas, en contrepartie, boycotter cette industrie. En effet, l'industrie forestière demande au secteur de la construction de lui venir en aide en favorisant l'inclusion de poutres ou de pièces de bois de toutes sortes dans la construction de bâtiments, mais d'autre part, l'industrie forestière obtient de faire exclure les travailleurs et les travailleurs de la construction de leur industrie que ce soit dans le génie civil ou les travaux relatifs à la machinerie de production. Il en est d'ailleurs de même pour l'industrie minière. Comment doit-on interpréter un geste aussi égoïste? Ah oui, j'oubliais, notre monde de l'économie n'en est pas à son premier discours de sans cœur. Que fera alors le gouvernement du Québec dans le développement du Plan Nord? Continuera-t-il à appauvrir les régions afin d'offrir à, on ne sait à qui, le territoire du Québec? La ministre du Travail poursuivra-t-elle son boulot visant la réduction des salaires et des autres avantages liés à l'emploi dans les autres secteurs d'activité économique afin de mieux asservir la main-d'oeuvre locale au capitalisme étranger ou autres exploiteurs de toutes sortes.

Rappelons que ce n'est pas la première fois qu'un ministre du Travail agit de la sorte. Il y a quelques années à peine, le ministre Laurent Lessard désassujetissait, du secteur de la construction, les travaux relatifs aux bassins de sédimentation au profit de l'industrie minière principalement. Mais quelle coïncidence me direz-vous, il s'agissait aussi de travaux dans le secteur du génie civil. N'est-ce pas dans ce secteur qu'émergent tous les scandales qui éclaboussent le Parti libéral du Québec. Que doit-on en penser? S'il y en avait un, quel était à l'époque le lobby qui faisait pression sur le ministre du Travail? Y avait-il à ce moment des travaux minièers en activité dans le comté électoral de Laurent Lessard  ou liés au Parti Libéral? Étrangement, quand on s'attaque à l'industrie de la construction, on observe qu'il s'agit presque exclusivement de pression exercée par des intervenants du secteur du génie civil ou de type d'entreprises qui œuvrent en région (mines et industries forestières, papetières) qui sont les plus exigeantes à l'endroit de l'industrie de la construction. Encore une fois, que faut-il en penser? Plus encore, madame Thériault a introduit dans le projet de loi 33 une disposition permettant aux donneurs d'ouvrage d'importance, donc aux clients, d'intervenir dans notre processus de négociation. Dorénavant, je ne négocie plus vraiment avec un employeur, mais avec le client de cet employeur. L'entrepreneur en construction verra son rôle se limiter à devenir une courroie de transmission entre le client et le travailleur. Qui va contrôler l'industrie de la construction? Ceux qui nous viendront de l'étranger, les papetières, les minières, l'industrie forestière, la métallurgie, le Plan Nord? En serait-on revenu au temps de Duplessis? Il serait de mise que la ministre du Travail cesse de nous entretenir du placement sur lequel elle fait une fixation, et nous parle plutôt du sort que son gouvernent réserve au territoire du Québec et à sa population.

Au moment où est mis à jour l'existence des cartels dans le secteur de l'asphalte, du béton, des systèmes d'égoûts, donc du secteur du génie civil, alors qu'à ce même moment le gouvernement procède à l'exclusion de la Loi de certains travaux du secteur du génie civil, ne faudrait-il pas s'interroger sur les tenants et aboutissants de ces pratiques? Y aurait-il intérêt, pour ces acteurs de l'ombre, à ce que les mécanismes de contrôle de l'industrie qui sont à se mettre en place, ne s'appliquent pas à ceux-ci en les soustrayant de l'application de la Loi? Une importante commission d'enquête voit actuellement le jour, ne faudrait-il pas la saisir de cet aspect de la gestion de l'état? En agissant de la sorte le gouvernement du Québec sème le doute et nous force à croire qu'il est à livrer son territoire et sa population active, entre les mains des industries minières, papetières et autres. En pareil cas, nous sommes en droit de nous questionner sur l'interaction entre la Loi et ses acteurs.


[1]    Loi sur les relations du travail, la formation et la qualification professionnelle et la gestion de la main d’œuvre dans l'industrie de la construction L.R.Q., c. R-20