mercredi 25 avril 2012

Corruption: quand les intérêts politiques passent avant les solutions

En novembre 2009, alors que j'étais à la direction de la FTQ-Construction, je me présentais en commission parlementaire, afin de faire connaître l'opinion de la Fédération sur le projet de Loi 73 portant le titre provocateur de: Loi prévoyant certaines mesures afin de lutter contre la criminalité dans l'industrie de la construction. Il faut prendre connaissance du contenu de ce projet de loi pour voir qu'il ne contient aucune disposition pouvant lutter contre la criminalité dans la construction. Cependant, à l'époque, les médias concentraient leur attention sur la Commission d'enquête, et sur ce que le gouvernement leur livrait en pâture, plutôt que sur l'essentiel: le régime de corruption qui permet le vol des salaires, l'insécurité et le régime d'instabilité qui caractérise l'industrie de la construction et génère la corruption.


Mais, ce n'est pas uniquement les Libéraux qui doivent être pointés du doigt, pour le retard qu'a pris Québec dans ses interventions visant à "nettoyer" la construction. Déjà en novembre 2009, l'Assemblée nationale du Québec était en possession de nombreux documents qui auraient permis d'agir immédiatement afin de couper court aux pratiques frauduleuses. J'avais alors déposé, à la Commission permanente de l'économie et du travail, des documents obtenus librement de la part de la Commission de la construction du Québec (CCQ). Ces documents mettaient à jour les mécanismes propres à ces pratiques et permettaient de comprendre les moyens mis en place par les entreprises délinquantes pour détourner le régime. Étrangement, depuis les auditions de la Commission, la CCQ a toujours refusé de nous fournir les pièces qui nous permettaient jusqu'alors d'identifier les délinquants et d'agir. Brave Commission.. et madame Lemieux qui se permet de faire la leçon... On peut se questionner sur ses réels intérêts a paralyser l'action syndical, action ayant, par exemple, fait croître la déclaration annuelle des heures passant de 600 heures de travail déclarées à plus de 1 000 pour certains métiers plus sensibles aux mauvaises pratiques. Cela ne semble pas être au goût de madame Lemieux. Pourquoi? Aller savoir?

Le Parti Québécois complice?


Voilà maintenant que Stéphane Bédard, du PQ, nous fait part de sa brillante analyse quant au retard que connaissent les diverses enquêtes policières et administratives sur la corruption dans la construction. Mais où était-il en novembre 2009 ce bon député? Si plutôt que de crier au loup, le PQ et son chantre d'alors, François Rebello, avaient fait leur travail, en me questionnant sur ce système d'exploitation... nous serions beaucoup plus avancés.

François Rebello n'a rien fait


Autre question, comment se fait-il que certains journalistes ont cru, sans doute de bonne foi, que les documents que la FTQ-Construction déposait en Commission parlementaire l'étaient en catimini? Qui a fourni aux membres des médias de mauvaises informations sur le processus parlementaire? Pourquoi, parmi ces derniers, ceux qui avaient l'expérience des commissions, n'ont-ils pas réagi? Pourquoi François Rebello, en après-midi, me félicitait-il de "ma performance" devant la Commission parlementaire et me demandait copie des documents déposés le matin, alors qu'il pouvait en obtenir copie au secrétariat des commissions? Pourquoi par la suite n'a-t-il rien fait? Pourquoi personne, du monde politique, n'a voulu nous rencontrer après la commission parlementaire, y compris les membres de l'opposition, afin de faire la lumière sur ces pratiques? Rétrospectivement, il est difficile de croire que l'on voulait connaître la vérité. On préférait et de loin, marquer l'opinion publique de manière a faire des gains politiques, mais à quel prix. En raison de sa maladresse, le PQ et tout le milieu politique sont aujourd'hui considérés corrompus au même titre que les libéraux. Dans les faits, l'opportunisme, dont ils ont fait montre, se retourne maintenant contre eux.

Viendra un jour, ou gouverné par la recherche des faits et de l'objectivité historique, il nous faudra mettre de coté les récriminations bassement politiques ou opportunistes entretenues par certains, et nous concentrer sur l'histoire telle qu'elle s'est présentée. Mais, il ne semble pas que nous ayons encore atteint ce stade de maturité.

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