mardi 24 avril 2012

Vous avez dit démocratie?

La crise de confiance à survenir au Québec à l’endroit de nos institutions politiques repose sur une réalité palpable. Lorsque l’on soulève la légitimité de l’actuel gouvernement à détenir les rênes du pouvoir, on ne se questionne pas sur un énoncé abstrait, mais bien, sur une question de fond objectivable qui intéresse largement l’ensemble de la population. Cependant, de quelle manière doit-on aborder un sujet aussi délicat, surtout au moment où la ministre de l’Éducation, madame Line Beauchamp, nous apprend que la désobéissance civile est un crime au Québec. On comprend mieux pourquoi, avec une telle culture, cette charmante dame se bute à la colère des étudiants. Espérons que s’interroger sur ce type de question ne relève pas de la sédition.

Mais assumons le risque et reprenons là où nous en étions : Comment aborder une question aussi délicate? En premier lieu, pourquoi ne pas faire une démonstration mathématique à l’aide du rapport du Directeur des élections. Dans la mesure où l’on a le respect de cette institution, on pourra au moins amorcer le débat.

Selon le rapport du Directeur des élections, paru le 23 janvier 2009, le résultat du scrutin général de décembre 2008 nous apprend que seulement 57,42% des électeurs admissibles à voter se sont prévalus de leur droit. De ce nombre 42,8% ont voté pour l’actuel gouvernement Libéral. C’est donc dire que c’est moins d’un électeur sur quatre qui a voté pour ce gouvernement. En pourcentage, il s’agit plus précisément de 24,57% des électeurs. On pourra nous objecter que les absents ont toujours tort et que ceux qui ne se sont pas exprimés, le jour du scrutin, n’avaient qu’à se présenter aux urnes. Et si l’on considère, plutôt, que ceux qui n’ont pas voté, on fait ce choix. Et si l’on considère, pour un instant, que dans ce grand cirque politique (il faut dire cirque, l’expression clown n’est pas permise au Québec… la règle d’inclusion ne fait pas partie des connaissances usuelles) les non votants ont affirmé un doute quant à ce modèle que l’on qualifie de « démocratique ». Et l’on considère qu’il est temps de passer à un modèle de représentation qui ressemble au visage du Québec.

La seconde objection, qui peut nous venir en tête, est la suivante : une fois que le gouvernement est en place, les députés et les ministres, sont-ils libres de prendre les décisions pour le bien de la population? Voyons plus avant : à l’ouverture de la session, le lieutenant gouverneur, personnage non élu vestige de notre passé colonial, fait son allocution, suivie du discours d’ouverture, par lequel, le Premier ministre annonce ses « intentions législatives ». Dans la mesure ou le gouvernement possède la majorité en chambre, les débats sont, en pratique, terminés. De plus, la règle sur la solidarité ministérielle limite les vrais débats à leur plus simple expression, puisque les députés doivent suivre la ligne du parti et aliéner leur conscience au profit d’un objectif trop souvent inavouable. Les derniers débats à l’Assemblée Nationale du Québec ont démontré de manière évidente que l’on peut désinformer la population pour en arriver à ses fins. L’exemple donner par Lise Thériault, ministre du Travail en est éloquent à ce sujet. Quant à savoir comment démarrer un incendie, on aura qu’à observer l’activité pyromane de Line Beauchamp, ministre de l’Éducation pour se convaincre que le service des incendies ne fermera pas ses portes sous peu. En 35 ans de représentation politique, combien de fois ne m’est-il pas arriver de rencontrer des ministres, qui proposaient des projets de loi dont ils ne connaissaient pas véritablement le contenu ou encore qui se révélaient incapables d’en discuter convenablement. Il en est de même pour la majorité de la députation qui suivait, comme un troupeau, la « cloche » qui les précède.

Il resterait beaucoup à dire sur l’incapacité de cette pseudo « démocratie délibérative » a rencontrer les exigences minimales afin que nous retrouvions la confiance en nos institutions. Mais qui aura le courage politique de donner le coup de barre devenu urgent et nécessaire.  Il est beaucoup plus simple d’attirer l’attention ailleurs et de créer des crises de toutes pièces, mais à quel prix. L’histoire démontre clairement que les partis politiques qui ont sapé les fondements de leur institution en minant la crédibilité du « politique » n’ont réussi qu’à engendrer la démesure dans le type de gouvernance qu’ils leurs ont succédé. Le gouvernement Libéral incarne dans son sens le plus pernicieux cette catégorie de démagogues.

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