Pacifisme? Je n'ai pas toujours
envie de bêler avec les loups (Jean Rostand)
Prétendre que le seul problème qui
préoccupe les citoyens du Québec réside dans l'unique question
entourant les frais de scolarité ne tient plus. D'ailleurs cette
explication a-t-elle déjà tenu? Bien sûr que non. On aura pu
croire, un moment, que nous vivions dans un monde clos et qu'ainsi,
chaque cas soumit à l'attention du public, se retrouvait dans un
compartiment étanche. Pourtant nous savons qu'une telle perception
de la réalité sociale est erronée. Bien sûr, le gouvernement a
intérêt, de manière a tempérer le climat politique, a présenter
des cas d'espèce et de démontrer que l'action gouvernementale se
préoccupe singulièrement de chaque question qui lui est soumise.
Dans les faits, il en va tout autrement. Notre problème est global.
S'il est vrai que la colère étudiante
a servi de révélateur de l'émergence d'une rupture entre le
pouvoir et la population du Québec, au printemps 2012, on ne
peut ignorer que cette rupture est l'aboutissement d'un grand nombre
de révélations portant à caution sur le gouvernement et plus
généralement sur le monde politique. Il n'y a pas un seul accroc à
la face du politique, il y en a ne multitude qui, en ce printemps, se
révèle au grand jour. La simultanéité de ces révélations ne
peut que déboucher sur un besoin de changement, mais par n'importe
lequel. Il n'y a pas plus dangereux que le changement pour le
changement.
Voilà pourquoi, alors que l'on croyait
que les citoyens du Québec vivaient, au quotidien, confortablement
installé dans l'abrutissement et l'aliénation engendrée par la
société de consommation, à la fois étouffante et enivrante, on
sonne le rappel. Que nos ministres et députés libéraux favorisent
la manifestions « des casseroles » par rapport aux
manifestations « de la rue » est aussi des plus
révélateurs. Il prétendent naïvement que « les casseroles »
sont moins violentes que « la rue », mais
fondamentalement, les deux types de manifestations procèdent du même
écœurement du monde politique.
La théorie de la rupture
générationnelle : un manque évident de vision historique
Bonne nouvelle cependant, l'humanité
vient de faire un grand pas en avant: on reconnaît le conflit
des générations. De « Totem et tabou » de Freud sur le
possible banquet cannibale et la mort du père au de roman médiéval
ou Agrain le Brun fustige les jeunes chevaliers de la table Ronde, de
Socrate accusé de corrompre la jeunesse à Jim Morisson qui chantait
« 5 to 1 » et déclarait : « We Want the World
and We Want It Now! » rien n'a changé. Il n'y a pas eu de
mutation biologique et le monde est demeuré le même. Mais bon
nombre de nos grands penseurs, eux, s'interrogent sur le devenir de
la jeunesse et le fait qu'elle soit vivante. « J'me tire à
terre! » D'interpréter ce qui de tout temps est le lot de
l'affirmation de l'adolescence et le confondre avec les aspirations
de la jeunesse, il y a un monde. D'affirmer de plus, que les
aspirations de la jeunesse portant sur la liberté d'expression et
d'opinion, la liberté d'association, le droit à l'instruction
publique gratuite jusqu'au niveau universitaire, des soins de santé
gratuits, de la préservation de l'environnement et autre, en quoi,
ces aspirations ne sont pas aussi celles d'une grande partie de la
population peut importe l'âge. Affirmer le contraire tiendrait d'un
manque évident de perspective historique. Ne s'agit-il pas d'une
longue liste de revendications qui prévaut depuis des siècles et bon
nombre de nos ancêtres ne sont-ils pas morts pour que nous puissions
en bénéficier aujourd'hui? Sont-ils mort en vain? Il ne s'agit pas ici d'un discours tenu
par nos contemporains, l'ensemble de la pensée, aussi longtemps que
l'on puisse retourner en arrière en fait état. Il me paraît
toujours étonnant d'entendre nombre de commentateurs prétendre que
nous faisons face à de nouvelles réalités quand, dans les faits,
surtout en ce qui se vit présentement au Québec, il n'y a rien de
nouveau sous le soleil. Comment se fait-il alors que nos gouvernants
n'ont rien compris? Ne savent-ils pas de quelle manière mettre fin à
ce qu'ils qualifient de « crise »? L'histoire n'aura donc
servi à rien?
Administrer le Québec, ce n'est pas de
faire de la politique à des fins partisanes ou de faire de bonnes
affaires. 8 millions de québécois sont en quête d'administrateurs
compétents, brillants, revendicateurs, de bons négociateurs et
aptes à mobiliser la population autour d'un projet commun. Notre
gouvernement est trop bête pour voir que cette relève de qualité
est aujourd'hui membre de la FEUQ, de la FECQ ou de la CLASSE.