samedi 26 mai 2012

L'avenir est à eux, camarade!

 Pacifisme? Je n'ai pas toujours envie de bêler avec les loups (Jean Rostand)

Prétendre que le seul problème qui préoccupe les citoyens du Québec réside dans l'unique question entourant les frais de scolarité ne tient plus. D'ailleurs cette explication a-t-elle déjà tenu? Bien sûr que non. On aura pu croire, un moment, que nous vivions dans un monde clos et qu'ainsi, chaque cas soumit à l'attention du public, se retrouvait dans un compartiment étanche. Pourtant nous savons qu'une telle perception de la réalité sociale est erronée. Bien sûr, le gouvernement a intérêt, de manière a tempérer le climat politique, a présenter des cas d'espèce et de démontrer que l'action gouvernementale se préoccupe singulièrement de chaque question qui lui est soumise. Dans les faits, il en va tout autrement. Notre problème est global.

S'il est vrai que la colère étudiante a servi de révélateur de l'émergence d'une rupture entre le pouvoir et la population du Québec, au printemps 2012, on ne peut ignorer que cette rupture est l'aboutissement d'un grand nombre de révélations portant à caution sur le gouvernement et plus généralement sur le monde politique. Il n'y a pas un seul accroc à la face du politique, il y en a ne multitude qui, en ce printemps, se révèle au grand jour. La simultanéité de ces révélations ne peut que déboucher sur un besoin de changement, mais par n'importe lequel. Il n'y a pas plus dangereux que le changement pour le changement.

Voilà pourquoi, alors que l'on croyait que les citoyens du Québec vivaient, au quotidien, confortablement installé dans l'abrutissement et l'aliénation engendrée par la société de consommation, à la fois étouffante et enivrante, on sonne le rappel. Que nos ministres et députés libéraux favorisent la manifestions « des casseroles » par rapport aux manifestations « de la rue » est aussi des plus révélateurs. Il prétendent naïvement que « les casseroles » sont moins violentes que « la rue », mais fondamentalement, les deux types de manifestations procèdent du même écœurement du monde politique.


La théorie de la rupture générationnelle : un manque évident de vision historique

Bonne nouvelle cependant, l'humanité vient de faire un grand pas en avant: on reconnaît le conflit des générations. De « Totem et tabou » de Freud sur le possible banquet cannibale et la mort du père au de roman médiéval ou Agrain le Brun fustige les jeunes chevaliers de la table Ronde, de Socrate accusé de corrompre la jeunesse à Jim Morisson qui chantait « 5 to 1 » et déclarait : « We Want the World and We Want It Now! » rien n'a changé. Il n'y a pas eu de mutation biologique et le monde est demeuré le même. Mais bon nombre de nos grands penseurs, eux, s'interrogent sur le devenir de la jeunesse et le fait qu'elle soit vivante. « J'me tire à terre! » D'interpréter ce qui de tout temps est le lot de l'affirmation de l'adolescence et le confondre avec les aspirations de la jeunesse, il y a un monde. D'affirmer de plus, que les aspirations de la jeunesse portant sur la liberté d'expression et d'opinion, la liberté d'association, le droit à l'instruction publique gratuite jusqu'au niveau universitaire, des soins de santé gratuits, de la préservation de l'environnement et autre, en quoi, ces aspirations ne sont pas aussi celles d'une grande partie de la population peut importe l'âge. Affirmer le contraire tiendrait d'un manque évident de perspective historique. Ne s'agit-il pas d'une longue liste de revendications qui prévaut depuis des siècles et bon nombre de nos ancêtres ne sont-ils pas morts pour que nous puissions en bénéficier aujourd'hui? Sont-ils mort en vain? Il ne s'agit pas ici d'un discours tenu par nos contemporains, l'ensemble de la pensée, aussi longtemps que l'on puisse retourner en arrière en fait état. Il me paraît toujours étonnant d'entendre nombre de commentateurs prétendre que nous faisons face à de nouvelles réalités quand, dans les faits, surtout en ce qui se vit présentement au Québec, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Comment se fait-il alors que nos gouvernants n'ont rien compris? Ne savent-ils pas de quelle manière mettre fin à ce qu'ils qualifient de « crise »? L'histoire n'aura donc servi à rien?

Administrer le Québec, ce n'est pas de faire de la politique à des fins partisanes ou de faire de bonnes affaires. 8 millions de québécois sont en quête d'administrateurs compétents, brillants, revendicateurs, de bons négociateurs et aptes à mobiliser la population autour d'un projet commun. Notre gouvernement est trop bête pour voir que cette relève de qualité est aujourd'hui membre de la FEUQ, de la FECQ ou de la CLASSE.

lundi 21 mai 2012

Désobéissance civile : qu'ossé ça s'ti?

Combien de commentaires n’avons nous pas subis, ces derniers jours, portant sur la désobéissance civile? Mais plus encore, combien de mauvais commentaires? Voilà maintenant que la désobéissance civile est devenue synonyme de chaos, de violence de désordre et d'agression. D’où peuvent nous venir de telles opinions? On remarque que ce type «éditorial», charrié par certains médias, ne repose sur aucune connaissance du sujet, mais uniquement sur une peur viscérale de ce qui bouge et se meut. On confond les actes de noblesses et la rupture. Si le concept de désobéissance civile est confondu avec la violence n'est-ce pas en raison du manque évident de culture des auteurs de billets d'opinion? Ces derniers, ou dernières, ne nous font-ils pas plutôt part de leur désordre psychologique, de leur angoisse ou de leur crainte personnelle à défaut de tout contenu?

Thoreau, Hannah Arendt, Gandhi, Saint-Augustin, Landza del Vasto et combien d'autres, n'ont-ils pas concouru ou fait la promotion des mérites de la désobéissance civile et de la non-violence? Car la désobéissance civile est étroitement liée à la non-violence. J.F. Kennedy durant les primaires ne s’est-il pas servi d'un argument basé sur la désobéissance civile, contre la ségrégation religieuse, pour se faire élire? Pour sa part Albert Einstein déclarait : «Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l’État te le demande»?

Mais la meilleure, une citation qui s'applique, on ne peut mieux, à l'actuel gouvernement libéral et à son «Prince», Jean Charest est la suivante: elle est de Confucius, qui, à défaut d'avis contraire, était plutôt conservateur sur le plan philosophique et politique:

«Si le prince est lui-même vertueux, le peuple remplira ses devoirs sans qu’on le lui commande; si le prince n’est pas lui-même vertueux, il aura beau donner des ordres, le peuple ne le suivra pas».

Se pourrait-il, la question se pose, que notre «Prince» ait perdu toute crédibilité? Se pourrait-il aussi que la population du Québec en arrive à la conclusion, qu’en ce qui a trait à la vertu, aucun ministre, aussi «Libéral» soit-il, n’est en mesure de nous entretenir d’un tel sujet? Dans un tel contexte, que nous reste-t-il comme moyen pacifique, afin de lutter contre ce gouvernement, sinon la désobéissance civile?

vendredi 18 mai 2012

Lise Thériault, ministre du Travail, annonce-t-elle une réforme parlementaire?

En modifiant en profondeur les règles relatives à la représentation des associations patronales et syndicales au Conseil d’administration de la Commission de la construction du Québec (CCQ) ainsi que celles devant menées à la conclusion des conventions collectives de travail dans l’industrie de la construction, la ministre du Travail ainsi que ses confrères et consœurs, ministres et députés, ne se prononcent-ils pas sur l’incohérence et le déficit démocratique prévalant à l’Assemblée nationale du Québec?

Bien sûr que non, ce genre de politicien n’est là que pour « awoir l’air de … » et « faire de la figuration ». Depuis nombre d’années, nous savons très bien que le ministère du Travail n’est qu’une dépendance du cabinet du premier ministre d’où le peu de préoccupation pour ce dernier au moment de faire un choix sur les qualités de celui ou celle qui détiendra le siège. Cela est tellement vrai, qu’à une certaine époque lors de la composition du cabinet ou lors d’un remaniement ministériel, parmi les premiers à être nommé on retrouvait le ministre du Travail. Aujourd’hui, les médias n’en font même pas état. C’est en accédant au site internet du gouvernement que l’on apprend le nom de la personne sélectionnée. Faites l’expérience…

Dans le cas qui nous occupe, madame Thériaul, fais à l’industrie de la construction une démonstration de ses grandes valeurs à l’endroit de la démocratie. Sans doute, que virtuose en ce domaine elle peut le faire, mais ce qui demeure le plus important c’est que si l’on a arrogance de se permettre de faire la leçon a quelqu’un sur un sujet donné, ne devient-il pas, en contrepartie, nécessaire de se soumettre soi-même aux règles que l’on impose aux autres? Dans le cas contraire, nous devons conclure que la personne qui nous fait la leçon n’a tout simplement pas compris ce qu’elle fait ou livre une commande pour un tiers. Pour ma part, je n’accorderai aucun qualificatif à ce comportement et j’en laisserai plutôt le soin au lecteur après que ce dernier ait pris connaissance des lignes qui suivent.

Il faut reconnaître que la ministre du Travail, madame Lise Thériault, aura omis de parler des fondements du projet de loi 33. Elle a plutôt attiré l’attention du public sur le placement syndical, sujet sur lequel elle semblerait faire une fixation ou un blocage, ce qui lui a permis de prendre d’importantes mesures antidémocratiques Malheureusement les médias ont joué le jeu du gouvernement avec les conséquences qui s'en suivent: un gouvernement devenu arrogant qui ne respecte plus les règles démocratiques... à qui la faute?  En effet, les modifications apportées à la Loi1 ne s’expliquent aucunement dans le cadre d’une société ou l’ensemble des instances repose sur le principe de la représentativité. Pour le lecteur moins familier avec l’industrie de la construction, il est nécessaire de dire que les travailleurs et les travailleuses de l’industrie de la construction se répartissent en cinq (5) associations syndicales appelées « association représentative ». Aux trois ans les travailleurs et les travailleuses sont appelés à voter pour l’association représentative de leur choix. La représentativité des associations est à ce jour la suivante. De plus, j’ai indiqué le nombre de sièges dont disposaient les associations avant et après l’adoption du projet de loi 33

Nom de l’association              Représentativité          Sièges avant       Siège après
FTQ-Construction                         43%                               2                     1
CPQMC-International                    26%                              2                     1
CSD-Construction                         14%                               1                     1
CSN-Construction                         10%                               1                     1
SQC                                                6%                                1                     1

Dans le cas qui nous occupe, peu importe le nombre de personnes que représente une association, elle possède le même nombre de votes au Conseil d’administration de la CCQ. Ainsi une association représentant 43 % des constituantes possède le même nombre de votes que l’association qui représente 6 % des constituantes. On ne tient plus compte du nombre de personnes qui paient pour maintenir en place la CCQ. Ceux qui dégagent 44 % des argents nécessaires à l’administration et au fonctionnement de la Commission possèdent le même nombre de votes que ceux qui en représentent 6 %. On fait fi du choix que font les travailleurs et les travailleuses d’appartenir à une association, de l’idéologie qu’elle représente et des valeurs qu’elle fait valoir.

Lors de la Commission parlementaire, la ministre du Travail a entretenu « le peuple » sur « sa » vision d’un conseil d’administration en comparant celui de la Commission de la construction avec celui d’une corporation. Je comprends que provenant du milieu des chambres de commerce et du monde des affaires (enfin affaires dans le sens de…) elle connaisse ce type de conseil d’administration, mais en faire une vérité absolue s’appliquant à un organisme comme celui de la Commission de la construction du Québec, il y va d’un manque de culture évident en ce qui à trait aux processus décisionnels en démocratie.

En ce qui a trait à la signature des conventions collectives, on doit représenter plus de 50 % des travailleurs et trois associations représentatives afin de conclure une convention. Ainsi, la FTQ-Construction et le Conseil provincial qui représentent à eux seuls plus de 69 % des travailleurs et des travailleurs de la construction ne pourraient signer une convention, mais trois associations représentant 50,1 % des salariés le pourraient.

Comparons maintenant avec le monde politique :

À titre d’exemple, lors des dernières élections provinciales, le vote populaire s’est exprimé de manière suivante en pourcentage distribuant le nombre de sièges par parti de manière suivante:


Nom du parti                     Nombre de sièges                        Résultat du vote
PLQ                                            66                                              42,8%
PQ                                              51                                              35,17%
ADQ                                            7                                              16,37%
QS                                               1                                                 3,78%

Gardons aussi en mémoire que le gouvernement libéral a été porté au pouvoir avec seulement 42 % du vote madame Lise Thériault a été élu, dans son comté d’Anjou, avec 50,44 % du suffrage exprimé soit 13 082 votes.

Comment se fait-il alors que selon le pourcentage des voix exprimé se retrouve-t-on avec une Assemblée nationale constituée de la sorte. Si la ministre a raison de défendre son mode démocratique, il devient alors nécessaire que chaque partie ait un vote et que tous doivent s’entendre afin d’adopter une loi. Non?

Non bien sûr. Il faudrait plutôt un vote proportionnel selon les aspirations du peuple. En premier lieu, le gouvernement du Québec avec son actuel 42 % de suffrage exprimé devient un gouvernement minoritaire, du moins sur le plan de la légitimité. Il a un score plus faible que celui de la FTQ-Construction. Voilà à ce que ressemblerait le visage de l’Assemblée nationale du Québec si l’on parlait d’une proportionnelle en son sens brut :

Parti libéral su Québec                               53 sièges
Parti Québécois                                          43 sièges
Action démocratique du Québec                 9 sièges
Québec solidaire                                          5 sièges
Parti vert du Québec                                    3 sièges

Si la ministre du Travail défend de tels principes, qu’elle ait le courage d’exiger une réforme parlementaire. Pourquoi n’applique-t-elle pas ses grands principes à ses propres institutions ? Pourquoi ne nous entretient-elle pas sur son gouvernement qui n’a que 42 % du vote populaire ? Mieux encore, le PLQ n'a obtenu que 24% des votes des électeurs inscrits sur la liste électorale et dans 34 comté ou ils ont un député, ce dernier n'a pas obtenu 50% des suffrages exprimés. Monsieur Charest gouverne avec l'appui de 1 électeur sur 4. Elle fait la leçon aux autres en matière de démocratie, elle se permet de colporter des ragots pour mieux arriver à ces fins, elle fait partie d’un gouvernement qui ne cesse d’être aux prises avec des scandales de toutes sortes. On n’a jamais vu autant de ministres démissionner dans un gouvernement en raison d’autant de scandale. Mieux encore, voilà un ministre de la santé qui a démissionne pour se retrouvé dans le secteur privé de la santé et une vice-première ministre qui démission pour se retrouver aussi lié à d’anciens intérêts, une ministre de l’Éducation et vice-première ministre qui démissionne en raison de son incapacité de gérer une crise étudiante, un ministre qui démissionne pour des accusations de fraude et d'autres encore. Et une ministre de ce parti se permet de nous faire la leçon. Sachant de plus que les dispositions de la loi 35 qui devaient épurer l’industrie ne servent à rien, comme je l’avais prévu et écrit dans un texte antérieur, il y a de quoi d'interroger.

Mais plus encore, pourquoi chaque partie politique n'aurait-il pas le même nombre de député siégeant à l'Assemblée nationale du Québec? Si voter pour une association « représentative » et insistons sur ce dernier mot, n'a aucune signification, pourquoi y aurait-il une différence pour les libéraux.

Lessard, Hamad, Thériault, Cherry et Lemieux

Il est temps de mettre fin à ces discours d’hypocrites. Il devient évident que la ministre du Travail ne connaissait pas véritablement la protée des gestes qu’elles posaient au moment ou elle a déposé son projet de Loi. On aura qu’à revoir les vidéos de la Commission parlementaire pour bien saisir la mission qui lui était dévolue: parler uniquement du placement et évacuer les autres dispositions qui visent a créer d’importants remous dans l’industrie de la construction. Quelqu’un a donné l’ordre de saboter l’industrie aux profits des petits amis, nous savons que les textes du projet de loi ne proviennent pas du cabinet de la ministre. Madame Thériault n’avait ni les connaissances, ni la compétence pour mener à bien ce projet. Bon nombre des dispositions de la loi ont été construites par la Commission de la construction du Québec. Cette dernière était d’ailleurs en conflit d'intérêts parce qu'elle se faisait transférer 190 millions de dollars du Fonds et du Plan de formation. Dès l'adoption du projet de loi. Et Diane Lemieux qui se permet de dénoncer de possibles conflits d'intérêts chez les autres. Ce n’est pas la première fois que les gouvernements, libéral ou péquiste (ou CAQ se sont les même qui ont changés de parti politique), agissent de cette façon. Nous avions vécu la même réalité avec les ministres, Laurent Lessard, Sam Hamad et Diane Lemieux, ou encore bien avant avec le ministre Normand Cherry. Voilà pourquoi, le cabinet du ministre du Travail demeurera l’antichambre du cabinet du premier ministre.

1 Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction (L.R.Q. c. R-20)

mercredi 16 mai 2012

La ministre Thériault « Des soins de santé prioritaires pour ceux qui coûtent cher à la CSST»

Partie II

Le poids relatif d'un citoyen
Faisant suite à un article précédent, j'ai poussé plus avant l'analyse du projet de loi 60, déposé par la ministre du Travail, Lise Thériault, et du document de la CSST portant le titre de « Modernisation du régime de santé et de sécurité du travail. »

Dans le document sur la modernisation, produit par CSST, on peut y lire le passage suivant :

La CSST a initié un projet, en concertation avec le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) visant à réduire les délais de chirurgie. On en arriverait ainsi diminuer les risques de chronicité.

La CSST pourra toujours tenter de nous faire croire qu'elle lutte contre la chronicité, mais, dans les faits, elle lutte pour réduire ses coûts au détriment du reste de la population. Elle ne cesse de faire diverses tentatives pour se débarrasser de ces humains en difficulté, pour lesquelles elle n'a aucun respect, qui suite à une lésion professionnelle ne peuvent plus exercer leur ancien travail, et qui s’ « obstinent » à ne pas accepter un emploi « gardien de stationnement » ou de « pompiste. » Une étude de l'Institut de recherche en santé et sécurité du travail, l'Institut Robert Sauvé, avait démontré que le régime de réadaptation de la Commission était un échec. Depuis... rien... on n’en est encore au stade de l'échec. Or, fort d'un constat d'échec, incapable de venir en aide aux travailleurs et aux travailleuses handicapés en raison d'une lésion professionnelle, la meilleur chose à faire... c'est...

La connaissiez-vous celle-là...? Personnellement, de rendre plus rapide l'accès aux soins de santé, je ne peux m'y objecter, mais.... comment cela doit-il se concrétiser dans pratique de manière a ce qu'une personne accède plus rapidement à des soins de santé. Nous savons qu'il manque de ressource. Dans le même document la CSST avoue qu'il n'y a pas de deuxième ligne pour prendre charge des accidentés. Alors se pose la question : quelle est l'entente intervenue entre la CSST et le ministère de la Santé et des Services sociaux permettant de réduire les délais d'attente.

Donnons l'exemple suivant : nous avons quatre personnes qui sont en attente d'une intervention chirurgicale. Ajoutons, aux fins d'exemple, qu'il s'agit du même type de lésion, que ces personnes sont suivies par le même médecin et la salle d'opération est située dans le même centre hospitalier. La première personne est un accidenté du travail qui coûte de l'argent au régime, la seconde une personne recevant une prestation d'assurance, la troisième est bénéficiaire d'une prestation d'assurance-emploi et la troisième une personne retraitée. Dois-je comprendre que le régime de santé publique du Québec priorise la personne qui a droit à une indemnité de la CSST avant les autres? Dois-je comprendre qu'il y a moyen d'accélérer l'obtention de soins de santé en raison des coûts engendrés? Dois-je comprendre qu’en plus de désinvestir dans nos soins de santé, le gouvernement discrimine des groupes de populations? Sinon, la quasi-totalité de la population? Bien sûr que « non » rétorquera la CSST, mais il faut prendre connaissance de l'ensemble du document portant sur la « Modernisation » pour saisir toute l'ampleur du programme proposé. Doit-on aussi comprendre que selon cette interprétation, la chronicité n'existe pas pour un chômeur, un retraité, une personne qui subit un accident hors travail ou contracte une maladie? Si l'une de ces personnes devait faire face à une possible chronicité et bien malheur lui en fasse, car elle passera après, non pas celui qu'il faut aider, mais celui qui représente des coûts pour la CSST.

C'est pourtant ce que l'on doit comprendre du texte. Dans un monde sans cœur et sans âme, si vous ne coûtez rien, ou peu, au régime vous pouvez toujours attendre, tel est la conclusion à laquelle on en arrive. La ministre Thériault et la CSST priorisent cette politique qui ferait économiser 90 000 000 $ sur le dos de citoyens en attente de soins dispensés par un professionnel de la santé. Encore une fois, pourquoi ne pas plutôt investir dans les soins de santé afin que tout un chacun ait accès à des soins de santé? La réponse demeure tout aussi simple que la question!

mardi 15 mai 2012

Lise Thériault, ministre du Travail, favoriserait une médecine à deux vitesses Partie I

Le projet de loi 60... Danger

Prendre les citoyens pour des poires
Les modifications que désire apporter, Lise Thériault, ministre du Travail, à la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP), par le projet de loi 60, équivaut à une première étape afin d'en arriver à une privatisation de notre régime public d'indemnisation. Il y a quelques années déjà, la CSST avait ouvert au secteur privé certains soins, dont, notamment, la physiothérapie et l'ergothérapie. Faute de volonté politique et peu soucieux du bien-être de la population, les gouvernements auraient préféré démissionner en se vendant à des intérêts privés, plutôt que de mettre en place des mesures permettant de faire face aux besoins des Québécois. Il ne faut jamais perdre de vue que dans le débat sur le coût des soins de santé, on omet de préciser que les ponctions faites afin de faire vivre ce régime n'ont jamais suivi la croissance économique et du PIB. La question demeure entière : `l'argent est disponible, mais entre les mains de qui se trouve-t-elle?


Le « pharmaceutique »

Pour en revenir aux modifications devant être intégrées à la LATMp, le gouvernement désire cette fois, par son assureur la Commission de la santé et de la sécurité du travail, contrôler des pans complets de l'assistance médicale. Initialement, la CSST avait indiqué qu'elle désirait favoriser le remboursement de médicament générique afin d'économiser de l'argent. Or, le texte que propose le projet de loi est tout à fait différent de l'annonce faite par la ministre du Travail et la CSST: Le voici :

Un règlement de la Commission peut, concernant les médicaments et les autres produits pharmaceutiques visés au paragraphe 3° du premier alinéa, déterminer les cas, conditions et limites monétaires des paiements qui peuvent être effectués ainsi que les autorisations préalables auxquelles ces paiements peuvent être assujettis.

À la lecture du texte, il est évident que :

  1. non seulement les médicaments, mais aussi les autres produits pharmaceutiques sont visés;
  2. on ne dispose pas uniquement du cas des médicaments génériques;
  3. il y aura détermination de « cas », de « conditions », de « limites monétaires » ainsi que des « autorisations préalables ».

C'est désormais l'assureur qui « détermine » l'ensemble des conditions d'exercices. On est mal parti pour renforcer notre régime public. Si de plus l'on compare ce genre de dispositions avec celles que l'on retrouve dans un régime d'assurance privée, il n'y a pas beaucoup de différence.


L'assistance médicale

La loi définit l'assistance médicale de manière suivante :

  1. Les services de professionnelles de la santé;
  2. les soins ou les traitements fournis par un établissement selon la Loi sur la santé ou les services sociaux;
  3. les médicaments ou les produits pharmaceutiques;
  4. les prothèses et les orthèses;
  5. les soins, les traitements et les aides techniques déterminés par règlement.

Mais voilà que l'on ajoute un petit bout de texte, à l'article 194, qui prévoit que désormais :

Le coût de l'assistance médicale est à la charge de la Commission, jusqu’à concurrence des limites monétaires établies par la présente loi ou ses règlements.


Il ne peut s'agir uniquement, comme le prétend la CSST, du coût des médicaments puisqu'un autre article de la Loi est modifié de manière à ajouter le texte suivant :

Un règlement de la Commission peut, concernant les médicaments et les autres produits pharmaceutiques visés au paragraphe 3° du premier alinéa, déterminer les cas, conditions et limites monétaires des paiements qui peuvent être effectués ainsi que les autorisations préalables auxquelles ces paiements peuvent être assujettis.

Les règles d'interprétation voulant que le législateur ne parle pas pour rien (le législateur et non la ministre du Travail), on doit trouver un sens à donner à ce paragraphe. Il ne peut viser le même objet que la modification à l'article 194.

On comprend à la lecture des textes proposés, que désormais, le gouvernement pourra limiter l'ensemble des coûts d'assistance médicale selon sa convenance y compris les soins médicaux, et encore plus largement, les services d'un professionnel de la santé soit, un médecin, un dentiste, un optométriste ou un pharmacien.

Et qui est responsable de ces modifications législatives? Quand on veut « scraper » un régime, c'est toujours la même qui crie « présent », les autres ont au moins la décence de démissionner.

jeudi 10 mai 2012

Projet de loi C-38 et l'Assurance emploi: 60 000 000 000,00 $ plus tard

Au moment ou le gouvernement conservateur s’apprête a modifier la Loi sur l’assurance emploi (projet de loi C-38) afin de rendre encore plus difficile l’admissibilité aux prestations, il n’est pas inutile de revenir en arrière et de se remémorer de quelle manière les gouvernements successifs on agit de manière à pénaliser injustement ceux qui se retrouve sans emploi.
En premier lieu, le gouvernement ne peut imputer les modifications qu’il apporte à la Loi en raison d’un manque d’argent. On se souviendra que le fonds d’assurance emploi avait accumulé un surplus de 60 milliards de dollars afin de faire face aux obligations à rencontrer au moment ou une crise frappe. Ainsi, la caisse largement pourvue pouvait continuer à verser des prestations durant le creux de la vague. Au moment où survient une crise, ce n’est pas le temps de garnir les coffres.

Or, le fédéral a dilapidé la caisse d’assurance emploi pour rembourser diverses autres créances. Dans les faits, les travailleuses, les travailleuses et les employeurs ont financé, à même les cotisations et les contributions d’assurance emploi, le déficit fédéral. Bien que les tribunaux aient pu tenter de nous expliquer le droit s’appliquant en pareille matière, ils n’ont heureusement pas convaincu les payeurs du bien-fondé de leurs arguments et pour cause. Mais le problème persiste puisqu’il ne s’agit pas désormais d’une question politique, mais d’une question de « moralité publique » et « d’éthique politique ».

Il faut se rappeler que depuis la mi des années 1990 jusqu’à ce jour, le montant maximum des prestations est passé de 450$ par semaine à 485$ par semaine en 2012. Avec un simple 1,5% pour compenser le taux d’inflation, la prestation maximum hebdomadaire serait largement au-delà de 520$ par semaine. Mais non satisfaits d’avoir privé les chômeurs de leurs prestations, d’avoir détourné 60 000 000 000,00 $ à d’autres fins que ce dont pour lequel ces sommes étaient prélevées, les conservateurs vont rendre l’accès aux prestations d’assurance emploi encore plus difficile à obtenir.

Si le gouvernement Harper remettait les 60 milliards de dollars à la caisse de l’assurance emploi, comme cela devait se faire, il n’y aurait nul besoin de pénaliser ceux qui sont aux prises avec la déchéance économique encouragés par nos élites politiques. L'hypocrisie est à l'honneur : On chiale contre les fermetures d'usines et la délocalisation et l’on chiale aussi contre les chômeurs qui en subissent les contre coups. J'adore les éditorialistes...