vendredi 18 mai 2012

Lise Thériault, ministre du Travail, annonce-t-elle une réforme parlementaire?

En modifiant en profondeur les règles relatives à la représentation des associations patronales et syndicales au Conseil d’administration de la Commission de la construction du Québec (CCQ) ainsi que celles devant menées à la conclusion des conventions collectives de travail dans l’industrie de la construction, la ministre du Travail ainsi que ses confrères et consœurs, ministres et députés, ne se prononcent-ils pas sur l’incohérence et le déficit démocratique prévalant à l’Assemblée nationale du Québec?

Bien sûr que non, ce genre de politicien n’est là que pour « awoir l’air de … » et « faire de la figuration ». Depuis nombre d’années, nous savons très bien que le ministère du Travail n’est qu’une dépendance du cabinet du premier ministre d’où le peu de préoccupation pour ce dernier au moment de faire un choix sur les qualités de celui ou celle qui détiendra le siège. Cela est tellement vrai, qu’à une certaine époque lors de la composition du cabinet ou lors d’un remaniement ministériel, parmi les premiers à être nommé on retrouvait le ministre du Travail. Aujourd’hui, les médias n’en font même pas état. C’est en accédant au site internet du gouvernement que l’on apprend le nom de la personne sélectionnée. Faites l’expérience…

Dans le cas qui nous occupe, madame Thériaul, fais à l’industrie de la construction une démonstration de ses grandes valeurs à l’endroit de la démocratie. Sans doute, que virtuose en ce domaine elle peut le faire, mais ce qui demeure le plus important c’est que si l’on a arrogance de se permettre de faire la leçon a quelqu’un sur un sujet donné, ne devient-il pas, en contrepartie, nécessaire de se soumettre soi-même aux règles que l’on impose aux autres? Dans le cas contraire, nous devons conclure que la personne qui nous fait la leçon n’a tout simplement pas compris ce qu’elle fait ou livre une commande pour un tiers. Pour ma part, je n’accorderai aucun qualificatif à ce comportement et j’en laisserai plutôt le soin au lecteur après que ce dernier ait pris connaissance des lignes qui suivent.

Il faut reconnaître que la ministre du Travail, madame Lise Thériault, aura omis de parler des fondements du projet de loi 33. Elle a plutôt attiré l’attention du public sur le placement syndical, sujet sur lequel elle semblerait faire une fixation ou un blocage, ce qui lui a permis de prendre d’importantes mesures antidémocratiques Malheureusement les médias ont joué le jeu du gouvernement avec les conséquences qui s'en suivent: un gouvernement devenu arrogant qui ne respecte plus les règles démocratiques... à qui la faute?  En effet, les modifications apportées à la Loi1 ne s’expliquent aucunement dans le cadre d’une société ou l’ensemble des instances repose sur le principe de la représentativité. Pour le lecteur moins familier avec l’industrie de la construction, il est nécessaire de dire que les travailleurs et les travailleuses de l’industrie de la construction se répartissent en cinq (5) associations syndicales appelées « association représentative ». Aux trois ans les travailleurs et les travailleuses sont appelés à voter pour l’association représentative de leur choix. La représentativité des associations est à ce jour la suivante. De plus, j’ai indiqué le nombre de sièges dont disposaient les associations avant et après l’adoption du projet de loi 33

Nom de l’association              Représentativité          Sièges avant       Siège après
FTQ-Construction                         43%                               2                     1
CPQMC-International                    26%                              2                     1
CSD-Construction                         14%                               1                     1
CSN-Construction                         10%                               1                     1
SQC                                                6%                                1                     1

Dans le cas qui nous occupe, peu importe le nombre de personnes que représente une association, elle possède le même nombre de votes au Conseil d’administration de la CCQ. Ainsi une association représentant 43 % des constituantes possède le même nombre de votes que l’association qui représente 6 % des constituantes. On ne tient plus compte du nombre de personnes qui paient pour maintenir en place la CCQ. Ceux qui dégagent 44 % des argents nécessaires à l’administration et au fonctionnement de la Commission possèdent le même nombre de votes que ceux qui en représentent 6 %. On fait fi du choix que font les travailleurs et les travailleuses d’appartenir à une association, de l’idéologie qu’elle représente et des valeurs qu’elle fait valoir.

Lors de la Commission parlementaire, la ministre du Travail a entretenu « le peuple » sur « sa » vision d’un conseil d’administration en comparant celui de la Commission de la construction avec celui d’une corporation. Je comprends que provenant du milieu des chambres de commerce et du monde des affaires (enfin affaires dans le sens de…) elle connaisse ce type de conseil d’administration, mais en faire une vérité absolue s’appliquant à un organisme comme celui de la Commission de la construction du Québec, il y va d’un manque de culture évident en ce qui à trait aux processus décisionnels en démocratie.

En ce qui a trait à la signature des conventions collectives, on doit représenter plus de 50 % des travailleurs et trois associations représentatives afin de conclure une convention. Ainsi, la FTQ-Construction et le Conseil provincial qui représentent à eux seuls plus de 69 % des travailleurs et des travailleurs de la construction ne pourraient signer une convention, mais trois associations représentant 50,1 % des salariés le pourraient.

Comparons maintenant avec le monde politique :

À titre d’exemple, lors des dernières élections provinciales, le vote populaire s’est exprimé de manière suivante en pourcentage distribuant le nombre de sièges par parti de manière suivante:


Nom du parti                     Nombre de sièges                        Résultat du vote
PLQ                                            66                                              42,8%
PQ                                              51                                              35,17%
ADQ                                            7                                              16,37%
QS                                               1                                                 3,78%

Gardons aussi en mémoire que le gouvernement libéral a été porté au pouvoir avec seulement 42 % du vote madame Lise Thériault a été élu, dans son comté d’Anjou, avec 50,44 % du suffrage exprimé soit 13 082 votes.

Comment se fait-il alors que selon le pourcentage des voix exprimé se retrouve-t-on avec une Assemblée nationale constituée de la sorte. Si la ministre a raison de défendre son mode démocratique, il devient alors nécessaire que chaque partie ait un vote et que tous doivent s’entendre afin d’adopter une loi. Non?

Non bien sûr. Il faudrait plutôt un vote proportionnel selon les aspirations du peuple. En premier lieu, le gouvernement du Québec avec son actuel 42 % de suffrage exprimé devient un gouvernement minoritaire, du moins sur le plan de la légitimité. Il a un score plus faible que celui de la FTQ-Construction. Voilà à ce que ressemblerait le visage de l’Assemblée nationale du Québec si l’on parlait d’une proportionnelle en son sens brut :

Parti libéral su Québec                               53 sièges
Parti Québécois                                          43 sièges
Action démocratique du Québec                 9 sièges
Québec solidaire                                          5 sièges
Parti vert du Québec                                    3 sièges

Si la ministre du Travail défend de tels principes, qu’elle ait le courage d’exiger une réforme parlementaire. Pourquoi n’applique-t-elle pas ses grands principes à ses propres institutions ? Pourquoi ne nous entretient-elle pas sur son gouvernement qui n’a que 42 % du vote populaire ? Mieux encore, le PLQ n'a obtenu que 24% des votes des électeurs inscrits sur la liste électorale et dans 34 comté ou ils ont un député, ce dernier n'a pas obtenu 50% des suffrages exprimés. Monsieur Charest gouverne avec l'appui de 1 électeur sur 4. Elle fait la leçon aux autres en matière de démocratie, elle se permet de colporter des ragots pour mieux arriver à ces fins, elle fait partie d’un gouvernement qui ne cesse d’être aux prises avec des scandales de toutes sortes. On n’a jamais vu autant de ministres démissionner dans un gouvernement en raison d’autant de scandale. Mieux encore, voilà un ministre de la santé qui a démissionne pour se retrouvé dans le secteur privé de la santé et une vice-première ministre qui démission pour se retrouver aussi lié à d’anciens intérêts, une ministre de l’Éducation et vice-première ministre qui démissionne en raison de son incapacité de gérer une crise étudiante, un ministre qui démissionne pour des accusations de fraude et d'autres encore. Et une ministre de ce parti se permet de nous faire la leçon. Sachant de plus que les dispositions de la loi 35 qui devaient épurer l’industrie ne servent à rien, comme je l’avais prévu et écrit dans un texte antérieur, il y a de quoi d'interroger.

Mais plus encore, pourquoi chaque partie politique n'aurait-il pas le même nombre de député siégeant à l'Assemblée nationale du Québec? Si voter pour une association « représentative » et insistons sur ce dernier mot, n'a aucune signification, pourquoi y aurait-il une différence pour les libéraux.

Lessard, Hamad, Thériault, Cherry et Lemieux

Il est temps de mettre fin à ces discours d’hypocrites. Il devient évident que la ministre du Travail ne connaissait pas véritablement la protée des gestes qu’elles posaient au moment ou elle a déposé son projet de Loi. On aura qu’à revoir les vidéos de la Commission parlementaire pour bien saisir la mission qui lui était dévolue: parler uniquement du placement et évacuer les autres dispositions qui visent a créer d’importants remous dans l’industrie de la construction. Quelqu’un a donné l’ordre de saboter l’industrie aux profits des petits amis, nous savons que les textes du projet de loi ne proviennent pas du cabinet de la ministre. Madame Thériault n’avait ni les connaissances, ni la compétence pour mener à bien ce projet. Bon nombre des dispositions de la loi ont été construites par la Commission de la construction du Québec. Cette dernière était d’ailleurs en conflit d'intérêts parce qu'elle se faisait transférer 190 millions de dollars du Fonds et du Plan de formation. Dès l'adoption du projet de loi. Et Diane Lemieux qui se permet de dénoncer de possibles conflits d'intérêts chez les autres. Ce n’est pas la première fois que les gouvernements, libéral ou péquiste (ou CAQ se sont les même qui ont changés de parti politique), agissent de cette façon. Nous avions vécu la même réalité avec les ministres, Laurent Lessard, Sam Hamad et Diane Lemieux, ou encore bien avant avec le ministre Normand Cherry. Voilà pourquoi, le cabinet du ministre du Travail demeurera l’antichambre du cabinet du premier ministre.

1 Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction (L.R.Q. c. R-20)

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