Prendre les citoyens pour des poires |
Les modifications que
désire apporter, Lise Thériault, ministre du Travail, à la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP),
par le projet de loi 60, équivaut à une première étape afin d'en
arriver à une privatisation de notre régime public d'indemnisation.
Il y a quelques années déjà, la CSST avait ouvert au secteur privé
certains soins, dont, notamment, la physiothérapie et
l'ergothérapie. Faute de volonté politique et peu soucieux du
bien-être de la population, les gouvernements auraient préféré
démissionner en se vendant à des intérêts privés, plutôt que de
mettre en place des mesures permettant de faire face aux besoins des
Québécois. Il ne faut jamais perdre de vue que dans le débat sur
le coût des soins de santé, on omet de préciser que les ponctions
faites afin de faire vivre ce régime n'ont jamais suivi la
croissance économique et du PIB. La question demeure entière :
`l'argent est disponible, mais entre les mains de qui se
trouve-t-elle?
Le « pharmaceutique »
Pour en revenir aux
modifications devant être intégrées à la LATMp, le gouvernement
désire cette fois, par son assureur la Commission de la santé et de
la sécurité du travail, contrôler des pans complets de
l'assistance médicale. Initialement, la CSST avait indiqué qu'elle
désirait favoriser le remboursement de médicament générique afin
d'économiser de l'argent. Or, le texte que propose le projet de loi
est tout à fait différent de l'annonce faite par la ministre
du Travail et la CSST: Le voici :
Un
règlement de la Commission peut, concernant les médicaments et les
autres produits pharmaceutiques visés au paragraphe 3° du premier
alinéa, déterminer
les cas,
conditions
et limites
monétaires des
paiements qui peuvent être effectués ainsi que les autorisations
préalables
auxquelles ces paiements peuvent être assujettis.
À
la lecture du texte, il est évident que :
- non seulement les médicaments, mais aussi les autres produits pharmaceutiques sont visés;
- on ne dispose pas uniquement du cas des médicaments génériques;
- il y aura détermination de « cas », de « conditions », de « limites monétaires » ainsi que des « autorisations préalables ».
C'est
désormais l'assureur qui « détermine » l'ensemble des
conditions d'exercices. On est mal parti pour renforcer notre régime
public. Si de plus l'on compare ce genre de dispositions avec celles
que l'on retrouve dans un régime d'assurance privée, il n'y a pas
beaucoup de différence.
L'assistance
médicale
La
loi définit l'assistance médicale de manière suivante :
- Les services de professionnelles de la santé;
- les soins ou les traitements fournis par un établissement selon la Loi sur la santé ou les services sociaux;
- les médicaments ou les produits pharmaceutiques;
- les prothèses et les orthèses;
- les soins, les traitements et les aides techniques déterminés par règlement.
Mais
voilà que l'on ajoute un petit bout de texte, à l'article 194,
qui prévoit que désormais :
Le
coût de l'assistance
médicale est à
la charge de la Commission, jusqu’à
concurrence des limites monétaires établies par
la présente loi ou ses règlements.
Il
ne peut s'agir uniquement, comme le prétend la CSST, du coût des
médicaments puisqu'un autre article de la Loi est modifié de
manière à ajouter le texte suivant :
Un
règlement de la Commission peut, concernant les médicaments et les
autres produits pharmaceutiques visés au paragraphe 3° du premier
alinéa, déterminer les cas, conditions et limites monétaires des
paiements qui peuvent être effectués ainsi que les autorisations
préalables auxquelles ces paiements peuvent être assujettis.
Les
règles d'interprétation voulant que le législateur ne parle pas
pour rien (le législateur et non la ministre du Travail), on doit
trouver un sens à donner à ce paragraphe. Il ne peut viser le même
objet que la modification à l'article 194.
On
comprend à la lecture des textes proposés, que désormais, le
gouvernement pourra limiter l'ensemble des coûts d'assistance
médicale selon sa convenance y compris les soins médicaux, et
encore plus largement, les services d'un professionnel de la santé
soit, un médecin, un dentiste, un optométriste ou un pharmacien.
Et
qui est responsable de ces modifications législatives? Quand on veut
« scraper » un régime, c'est toujours la même qui crie
« présent », les autres ont au moins la décence de
démissionner.
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