vendredi 27 avril 2012

Permis de tuer, ce n'est pas uniquement le titre d'un film

En ce 28 avril, jour de deuil soulignant les lésions et les décès à survenir en raison du travail, je vous offre une réflexion sur la violence permise ou non permise dans notre société.

Pendant que les ministres du gouvernement libéral nous assomment de leurs ridicules assertions sur la violence, on se permet comme société, de tuer, bon an mal an, entre 200 et 250 personnes en raison du travail et en blesser des dizaines et dizaines de milliers d’autres, toujours en occultant toute réflexion sur les formes de violences reconnues comme acceptables dans notre société. Le ministre de la Justice, Jean Marc Fournier, et celui de la Sécurité publique, Robert Dutil, se souviendront peut-être que, outre les normes juridiques relatives aux manifestations illégales, aux « attroupements séditieux » des étudiants et des étudiantes qui monopolisent nos forces constabulaires, le droit pénal, dont le Code criminel, contiennent des dispositions permettant de mettre fin aux crimes reliés au travail. Il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau, on parle ici d'une situation qui perdure depuis des dizaines d'années. Les représentants du peuple, justice et sécurité publique compris, affectés au dossier de «la violence» le savent-ils? Si la réponse est non, il s'agit d'incompétence, si la réponse est oui, c'est l’aveu que certains crimes peuvent s'exécuter librement dans la tolérance et d'autre non. Pourtant, on n’a de cesse, ces jours-ci, de nous répéter ad nauseam que nous vivons dans une société de droit et que céder à la violence engendre la violence. Doit-on comprendre que si il s'est tué 204 personnes cette année au travail, il est permis d'augmenter légalement le nombre de décès à survenir? Bien sûr, tous les décès à survenir en raison du travail ne sont pas dus à une intention criminelle. Dans de nombreux cas, un accident est un accident... mais nous pouvons démontrer qu'un certain nombre de ceux-ci relève véritablement d'une pensée voulant que le profit passe avant la personne humaine.

L'article 217.1 du Code criminel prévoit que :

Il incombe à quiconque dirige l'accomplissement d'un travail ou l'exécution d'une tâche ou est habilité à le faire de prendre les mesures voulues pour éviter qu'il n'en résulte de blessure corporelle pour autrui.

Combien de poursuites ont été entamées par le procureur général en raison de l'article 217.1 depuis l’entrée en vigueur de cet article? Je vous invite à faire la recherche... le résultat en vaut l'effort fourni. On se retrouve devant un quasi-néant. Mieux encore, si, en raison de votre travail journalistique vous devez couvrir une manifestation étudiante, juste avant que l'officier responsable lise l'ordre de dispersion de la manifestation illégale, ou entre deux jets de poivre de cayenne, questionnez le policier de manière suivante : « L'article 217.1 du Code criminel, ça vous dis quelque chose? » Juste avant que les lumières s’éteignent, il vous répondra assurément qu'il ne sait pas.

Des ministres qui ne veulent pas intervenir, des policiers qui n'ont pas reçu la formation nécessaire, une CSST comme maillon faible de la chaîne, une ministre du Travail qui ne connaît rien à la question. Que nous faut-il de plus pour nous convaincre que le meurtre est permis?

Lors de l'émission Désautels, sur les ondes de la radio de Radio-Canada du jeudi 26 avril 2012, Robert Dutil, ministre de la Sécurité publique, traitant des manifestations étudiantes, a répété le terme «violence» 18 fois en 5 min 45 s d'entrevue, soit une fois toutes les 19,38 secondes. S’il est évident que Dutil passe un message idéologique, dans le but de courtiser une tranche de la population, au détriment de la paix sociale, il est tout aussi évident que la violence à survenir dans les milieux du travail l'indiffère. Sauver des vies sans déclencher d’émeutes n'aura aucun effet sur l'intention de vote des électeurs, alors pourquoi agir?

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