Pendant que les ministres du
gouvernement libéral nous assomment de leurs ridicules assertions
sur la violence, on se permet comme société, de tuer, bon an mal
an, entre 200 et 250 personnes en raison du travail et en blesser des
dizaines et dizaines de milliers d’autres, toujours en occultant
toute réflexion sur les formes de violences reconnues comme
acceptables dans notre société. Le ministre de la Justice, Jean
Marc Fournier, et celui de la Sécurité publique, Robert Dutil, se
souviendront peut-être que, outre les normes juridiques relatives
aux manifestations illégales, aux « attroupements séditieux »
des étudiants et des étudiantes qui monopolisent nos forces
constabulaires, le droit pénal, dont le Code criminel, contiennent
des dispositions permettant de mettre fin aux crimes reliés au
travail. Il ne s'agit pas d'un phénomène nouveau, on parle ici
d'une situation qui perdure depuis des dizaines d'années. Les
représentants du peuple, justice et sécurité publique compris,
affectés au dossier de «la violence» le savent-ils? Si la réponse
est non, il s'agit d'incompétence, si la réponse est oui, c'est
l’aveu que certains crimes peuvent s'exécuter librement dans la
tolérance et d'autre non. Pourtant, on n’a de cesse, ces jours-ci,
de nous répéter ad nauseam que nous vivons dans une société
de droit et que céder à la violence engendre la violence. Doit-on
comprendre que si il s'est tué 204 personnes cette année au
travail, il est permis d'augmenter légalement le nombre de décès à
survenir? Bien sûr, tous les décès à survenir en raison du
travail ne sont pas dus à une intention criminelle. Dans de nombreux
cas, un accident est un accident... mais nous pouvons démontrer
qu'un certain nombre de ceux-ci relève véritablement d'une pensée
voulant que le profit passe avant la personne humaine.
L'article 217.1 du Code criminel
prévoit que :
Il incombe à quiconque dirige
l'accomplissement d'un travail ou l'exécution d'une tâche ou est
habilité à le faire de prendre les mesures voulues pour éviter
qu'il n'en résulte de blessure corporelle pour autrui.
Combien de
poursuites ont été entamées par le procureur général en raison
de l'article 217.1 depuis l’entrée en vigueur de cet article?
Je vous invite à faire la recherche... le résultat en vaut l'effort
fourni. On se retrouve devant un quasi-néant. Mieux encore, si, en
raison de votre travail journalistique vous devez couvrir une
manifestation étudiante, juste avant que l'officier responsable lise
l'ordre de dispersion de la manifestation illégale, ou entre deux
jets de poivre de cayenne, questionnez le policier de manière
suivante : « L'article 217.1 du Code criminel, ça vous
dis quelque chose? » Juste avant que les lumières s’éteignent,
il vous répondra assurément qu'il ne sait pas.
Des ministres qui
ne veulent pas intervenir, des policiers qui n'ont pas reçu la
formation nécessaire, une CSST comme maillon faible de la chaîne,
une ministre du Travail qui ne connaît rien à la question. Que nous
faut-il de plus pour nous convaincre que le meurtre est permis?
Lors de l'émission
Désautels, sur les ondes de la radio de Radio-Canada du jeudi 26
avril 2012, Robert Dutil, ministre de la Sécurité publique,
traitant des manifestations étudiantes, a répété le terme
«violence» 18 fois en 5 min 45 s d'entrevue, soit une fois toutes
les 19,38 secondes. S’il est évident que Dutil passe un message
idéologique, dans le but de courtiser une tranche de la population,
au détriment de la paix sociale, il est tout aussi évident que la
violence à survenir dans les milieux du travail l'indiffère. Sauver
des vies sans déclencher d’émeutes n'aura aucun effet sur
l'intention de vote des électeurs, alors pourquoi agir?
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