mardi 26 juin 2012

Diane Lemieux doit témoigner devant la Commission Charbonneau


Diane Lemieux, pdg de la Commission de la construction du Québec, serait-elle en manque de publicité, à la recherche d'une image ou en total délire? La question se pose avec beaucoup d’acuité, surtout en raison de la dernière déclaration qu'elle a fait suite au soutien que différentes sections locales affiliées à la FTQ-Construction ont apporté à l'endroit des grévistes de la CCQ, grévistes qui sont aussi ses employés. En effet, il est de mise dans le monde syndical de venir en aide et de soutenir les luttes menées par d'autres syndicats. La FTQ-Construction et ses syndicats affiliés n'avaient-ils pas soutenu la lutte des journalistes du Journal de Montréal durant leur dernière grève? Pourtant personne n'avait alors soulevé la question sur la collusion, ou l' «extrême problématique» que cela représentait, d'autant plus qu'il s'agissait d'une accréditation de la CSN. Pourquoi alors, à ce moment-ci, nous retrouvons-nous avec une «nouvelle» du genre? Et madame Lemieux de nous parler de collusion! Une ex-ministre du travail qui parle de collusion quand un syndicat vient en aide à des travailleurs en difficultés, syndiqués ou non. «Mais d'où peut-elle bien venir celle-là?» de s'exclamer le reste de la planète. Comment se fait-il qu'elle n'ait aucune culture du monde du travail? La coopération entre les travailleurs et les travailleuses émerge de l'intellect européen à l'orée des années 1815 et 1820 et se concrétise, plus particulièrement au Québec, en 1834. Non, mais vraiment, Diane Lemieux a été ministre de la Culture... Quelle culture? Ne pas connaître l'histoire de son propre pays... l'histoire de ceux qui l'ont construit au quotidien. Politiquement, ce dernier mot est employé ici dans son sens le plus péjoratif qui soit, chercher a rendre "injustifié" un geste purement désintéressé, gratuit, fraternel et tenter de rendre "coupable" ceux qui le posent, c'est du bas de gamme comme commentaire. À croire que ces temps-ci, ministre du Travail ou ex-ministre du Travail, ministre de la Culture ou ex-ministre de la Culture: ils sont tous superposables, peu importe leur provenance politique.

Manipulation de l'opinion

Et non seulement ministre de la Culture, mais Culture et "Communication", dans un tel cas: comment peut-on expliquer qu'elle ne sache pas qu'en certaines circonstances "des mots veulent dirent plus que des mots" et que d'employer le mot «collusion», dans un tel contexte, relève de la démagogie, démontre un manque de tact et de savoir-vivre évident et vient réaffirmer que les 165 000 travailleurs et les 30 000 employeurs qui composent l'industrie de la construction sont des criminels en puissance? … Oh! Elle le sait, alors à quoi joue-t-elle?

Sa mission serait-elle de détruire la CCQ?

Que Diane Lemieux prétende que cet acte soit, selon ses propres termes, «extrêmement problématique» nous force à nous interroger sur la compétence de la pdg à gouverner la Commission de la construction du Québec: un milieu syndiqué dans un monde syndiqué. Mais plus révélateur encore, les informations qui filtrent démontreraient que c’est elle qui est noyée dans une réelle «problématique». Un climat de travail qui ne cesse de s'envenimer depuis son arrivée. Au moment où l'industrie a besoin de la CCQ, celle-ci demeure dans l'impossibilité de dispenser les services nécessaires à son bon fonctionnement: des besoins de main-d'œuvre qui ne sont pas comblés, des finissants des écoles professionnelles qui ne peuvent intégrer leur chantier, l’impossibilité d’émettre des certificats de travail, un taux effarant d’absentéisme et de démission chez son personnel, la démobilisation de ce dernier est à son comble: tel est le triste bilan que l’on nous dresse. Bien sûr, d'avoir déposé 189 nouvelles demandes alors que la négociation touche à sa fin et d'exiger de saborder le fonds de retraite n'a rien pour favoriser l'émergence d'un climat de travail sain. Ne se retrouve-t-elle pas avec une plainte pour négociation de mauvaise foi?  Ce n'est pas courant dans ce milieu... c'est consternant et «extrêmement problématique!»

Volontairement ou non, Diane Lemieux paralyse la lutte contre le travail au noir

Mais pour en revenir à la déclaration douteuse de madame Lemieux sur l' «extrême problématique» que représente la fraternité syndicale, il serait de mise de lui demander, en ces temps où l'on décrie autant «collusion» et de tout le «tralala», pourquoi ne nous instruit-elle pas de noms, de dates et de faits qui la hante? Pourquoi son service d'inspection est-il inopérant? Que doit-on penser de l'attitude de l'ex-ministre du Travail? Pourquoi la CCQ, depuis l'arrivée de madame Lemieux, refuse-t-elle de fournir aux syndicats les informations leur permettant d'identifier les employeurs délinquants et d'agir de manière a faire appliquer les conventions collectives? Pourquoi empêche-t-elle les syndicats d'agir? Et si elle empêche les syndicats d'agir pourquoi le service d'inspection n'a-t-il pas pris la relève? Pourquoi empêche-t-on les syndicats de lutter adéquatement contre le travail au noir, au moment même où le gouvernement du Québec diffuse des publicités à ce sujet? Pourquoi la CCQ s'est-elle mise à poursuivre des travailleurs sans aucun motif valable, au point où le procureur général retire tout simplement les plaintes faute de fondement: chacune d'entre elles "déraisonnable" à leur face même? Pourquoi depuis que la CCQ s'est accaparé les 190 millions de $ du Fonds de formation et du Plan de formation le service de formation professionnelle à la CCQ est-il paralysé ou presque? Et on se permet de faire la leçon aux autres... «Extrêmement problématique, non?» pour reprendre les mots de Diane Lemieux.

Parler ou se taire!

À deux reprises déjà, Diane Lemieux nous sert du «collusion» ou du «conflit d'intérêts» à la sauce «motte fair' peuwr» (sic) ou "m'â aller le diwre" (sic). Il serait temps qu'elle parle, non? Pourquoi ne le fait-elle pas si elle a vraiment des choses à dire? Elle ne semble pas réaliser que l'immense majorité des intervenants de l'industrie n'ont rien à cacher eux... au contraire. En est-il de même pour l'ex-ministre du Travail? Si elle a tant à dire pourquoi ne se place-t-elle pas sur la liste des témoins de la Commission Charbonneau? Elle pourrait alors faire d'intéressantes déclarations, nous révéler ses doutes, nous faire part de ses angoisses.  Et si elle en sait tant et tant, ne serait-il pas tout aussi intéressant de lui demander des éclaircissements sur l'époque où elle occupait le poste de ministre et, ainsi, nous instruire sur sa "gouvernance"? Ne se souvient-elle pas que la Commission de la construction du Québec dépose chaque année  au gouvernement un rapport de gestion et un rapport d'activité? Que faisait-elle de ces rapports à l'époque où elle était ministre... des avions en papier? Plutôt que de crier au loup, d'entretenir des doutes et de se complaire dans la "production" de douteuses déclarations, ne serait-il pas beaucoup plus honnête, de sa part, de parler... ou de se taire? À elle de voir.

Vacuité et fatuité... voilà ce qui gouverne désormais la Commission de la construction du Québec.

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